XXXY #draftquestS4 par MystereEtBouleDeGlace

Campagne commencée le lundi 4 janvier 2016 et terminée le samedi 14 janvier 2017

Rounds Mots Signes Temps
28/36 17994 111038 13:34:14

Round 1/36 écrit le lundi 4 janvier 2016

1236 mots | 7699 signes | 13:34:14

*** Retravail des textes écrits avant le MOOC ***

C'est un soir comme tous les soirs de printemps que la France accueille. La température est douce à Aucham. Le soleil illumine la grande serre de ses rayons rasants. Toussaint vient tout juste de rentrer de l'université pour retrouver sa famille autour d'une grande table dressée avec goût dans leur cuisine cossue qu'il habite. Il salue son père et ses deux sœurs. Sa mère est engouffrée dans le cagibi pour récupérer les filets de daurade qu'elle compte mettre sur le feu. - Alors Toussaint, comment s'est passée ton après-midi auprès de Colombe ? pouffe Christiane, sa plus jeune sœur, qui vient de fêter ses 16 ans. La seconde sœur de Toussaint renchérit : - Colombe, Colombe... Ça me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir qui c'est. Raconte-moi tout, Christiane ! Elle a toujours été protectrice envers son frère cadet et c'est en toute sincérité qu'elle cherche à remettre un visage sur ce prénom féminin... Un sourire victorieux s'est dessiné sur les lèvres de Toussaint, qui laisse lâche alors un rire mesquin qui n'a pas échappé à ses sœurs, ni à son père qui tend désormais l'oreille. - Christiane, sale chipie, ça ne m'étonne pas de toi d'avoir eu vent de ces nouvelles croustillantes aussi vite. Figurez vous, mes chères sœurs et mes chers parents", la mère de Toussaint est en effet de retour et commence à faire chauffer sa poêle, "que Colombe, LA Colombe Viannay, m'a fait une déclaration d'amour cet après-midi !" Son père, abasourdi, répond du tac au tac : "La petite fille de Guévara, le fondateur des Incroyants ? - Celle là même, papa ! répond Toussaint d'un air narquois." Le groupe des Incroyants s'est formé lorsque qu'Aucham a été érigée, en 2026. La nouvelle capitale française a remplacé Paris après qu'elle ait été détruite durant l'avènement des Naturalistes. La constatation que Paris ne serait plus jamais synonyme de la puissance française telle qu'elle l'était lors des siècles précédents a été un moteur puissant à la création des groupes de résistance au Naturalisme, courant philosophique selon lequel la Nature est toute puissante et que l'Homme ne doit en aucun cas interférer avec les choix qu'elle fait pour eux. Le groupe des Incroyants représente l'un des deux bataillons qui sont encore debout, 25 ans après leur création. Il prône la liberté, la raison, et s'oppose à toute croyance qui implique des êtres ou des concepts supérieurs à l'Homme et qui guideraient leurs pas. Le second est le groupe des Anciennes Religions, aussi appelé "les Religieux", né du rassemblement des croyants monothéistes du XXè siècle face au Naturalistes. Les Religieux pensent qu'un Dieu régit la Nature et que c'est lui qui est créateur et directeur de notre monde. "Toussaint, tu n'as donc pas honte d'être ainsi courtisé par une jeune Incroyante ? lance alors Éléonore sans la moindre trace d'ironie, en apportant le poisson enfin cuit pendant que ses filles font de la place sur la table. "Et comment fait-elle pour t'aimer réellement puisqu'elle n'a pas d'âme ?" - Elle aimerait tellement comprendre ce qu'est l'amour que j'imagine qu'elle se l'invente... propose Christiane - Et elle ne peut s'empêcher d'embarquer des innocents dans ses sordides histoires, poursuit Toussaint, les yeux dans le vague en direction du poisson. Éléonore, tout en servant les pommes de terre grillées en rondelles, se tourne vers Christiane. "Et toi ma chérie, que s'est-il passé dans ta journée ?"


Depuis 16h, l'heure à laquelle elle s'est échappée en courant de son université, Colombe suit d'un bon pas le plus long chemin des écoliers jamais rencontré. Des millions d'idées se bousculent dans son esprit. Elle revit certains moments de sa journée et imagine ce qui aurait pu se passer autrement... Comment est-il possible que sa bouche ait pu laisser sortir des paroles aussi vraies, aussi crues, aussi natures devant Toussaint ? Elle qui n'a jamais réussi à formuler ce qu'elle ressent dans quelque situation que ce soit, même pour savoir si un cadeau qu'on lui fait est à son goût ou non, comment a-t-elle pu le regarder droit dans les yeux et lui dire "Tu sais que tu peux jouer au con autant que tu veux, cela ne m'empêchera pas de penser que tu es bien plus intéressant que les grands airs derrière lesquels tu veux te cacher" ? Évidemment, tout con qu'il est, Toussaint Caurnais a parfaitement compris ce qu'elle voulait dire. Son regard profond s'est éclairé un très court instant avant que sa bouche ne mime une moue d'incompréhension. Colombe s'était mordu la lèvre, avait piqué un fard et avait profité de la première occasion pour mettre les voiles. Et la voilà qui marche en tentant de comprendre ce qui a bien pu se passer. Il venait encore une fois de faire preuve de son étroitesse d'esprit. Il avait regardé de loin et de haut le jeune Anatole, Anatole qui était connu il y a quelques mois seulement sous le prénom d'Anatoline et avait eu le cran d'assumer ce qu'il avait toujours été : un homme. Anatole a beaucoup de mal à se faire respecter en tant qu'être humain et Toussaint n'est pas un de ceux qui lui facilitent la tâche. Il affiche toujours un rictus gêné à la vue du jeune homme et évite soigneusement d'avoir à lui adresser la parole. Mais aujourd'hui Toussaint est allé trop loin. Il n'a pas hésité à faire remarquer à ses amis que les remèdes hormonaux du siècle dernier ne sont plus admis dans les lois naturalistes, et que si jamais il entendait une voix d'homme sortir de la bouche d'Anatole il pourrait sans aucun mal l'envoyer aux cachots pour de longues années. Colombe avait assisté à la scène, effarée par tant de bêtise et le dégoût que celle-ci produisait. Les amis de Toussaint, Religieux et Naturalistes, ont souri à toutes dents dehors. L'un d'entre eux a même applaudi. Cependant Toussaint, aussi borné qu'il soit, a la faculté de se poser des milliers de questions et d'y chercher honnêtement des réponses. Ce sont toujours les mauvaises qu'il trouve malheureusement, celles qui corroborent sa vision étriquée du monde. Colombe ne comprend toujours pas comment il est possible de cumuler cette curiosité qui trouve grâce à ses yeux, et autant d'ignorance et de bêtise parsemées de suffisance. Dès que les applaudissements ont retentit suite à ce fragment de dédain, Colombe s'est immédiatement retournée pour ne pas croiser le regard de Toussaint et a envisagé de prendre ses jambes à son cou. Et pourtant celui-ci s'est retrouvé nez à nez devant elle comme par magie. Elle a tenté de l'ignorer et de le dépasser sans lui adresser un regard, mais son trouble intérieur est entré en résonance avec la proximité. Et Toussaint a plongé ses yeux droit dans les siens. Puis elle a bafouillé cette phrase. Ridicule. Vraie, certes, mais ridicule? Est-il nécessaire que Toussaint sache ce qu'elle ressent pour lui ? Pourquoi lui avoir inconsciemment ouvert son cœur ? Pour mieux se faire battre probablement... Quelle idiote. Elle aurait tout aussi bien pu ne lui lancer qu'un sourire narquois. Ou ne pas répondre à ce regard qui l'a transpercé, bien que son trouble aurait été visible par Toussaint... Il restait possible qu'il ne l'ait pas lu, ou pas compris. Tout comptes faits, elle aurait simplement dû lui rappeler qu'il n'est qu'un sombre crétin. C'est lorsqu'elle arrive à cette conclusion qu'elle arrive également devant le petit pavillon du 24è arrondissement d'Aucham qui lui sert de demeure familiale, et pousse anxieusement la porte d'entrée.

Round 2/36 écrit le mardi 5 janvier 2016

1295 mots | 8285 signes | 13:34:14

*** Retravail des textes écrits avant le MOOC ***

Colombe sillonne souvent à pied les rues de son quartier et plus largement de sa ville. Aucham est organisée en 27 arrondissements. Comme dans la majorité des villes françaises du XXè siècle, les premiers arrondissements se situent au centre de la ville et hébergent les familles les plus aisés. Les arrondissements suivants se déroulent en escargot jusqu'aux arrondissements les plus populaires, hébergeant aussi bien les voyageurs peu fortunés que les citoyens en rupture avec la société. Le 24è arrondissement est un arrondissement dans lequel se retrouve une grande partie des familles Incroyantes et ce depuis des décennies. La butte centrale de cet arrondissement, sur laquelle est érigé l'ancien laboratoire d'études spatiales, n'est surement pas étrangère à l'attrait du 24è pour ces familles qui placent l'étude et le savoir au centre de leurs préoccupations. Aucham a été conçue pour suivre les préceptes du Naturalisme et c'est ainsi tout naturellement que les immeubles y sont bas, pas plus de 3 étages même en centre ville. La majorité de ces immeubles est construite à base de pierres de taille et recouverte d'ardoise dans le centre, et de chaume dans les arrondissements plus éloignés. Quelques bâtiments centraux de la vie politique de la cité sont construits en bois ou en torchis, comme c'est le cas de l'Hôtel de ville situé au cœur du 3è arrondissement qui tranche par sa couleur brun foncé au milieu des bâtiments de pierre couleur sable. De grands espaces verts, squares, parcs, potagers, inondent la ville et, s'il était possible de la voir du ciel, Aucham ressemblerait à un lac parsemé de centaines d'îlots verts. Les noms de ces espaces emplis de sérénité sont tous tirés de l'histoire du Naturalisme, depuis sa naissance à la fin du XXème siècle jusqu'à aujourd'hui. Le plus grand parc de la ville, situé le long des rives de l'Yonne, s'appelle le Parc de la misère. Selon les Naturalistes, les citoyens s'y recueillant trouveraient plus facilement des sujets sur lesquels réfléchir que s'il avait conservé son nom d'avant l'érection d'Aucham : le parc de l'arbre sec. Bien qu'assez loin du 24è arrondissement, Colombe aime s'y rendre le soir afin d'écouter les conversations des autres promeneurs. Elle profite tout autant que les Naturalistes du havre de paix tranquille qu'est la Misère et s'interroge à son tour sur les questions importantes dont parlent les Naturalistes autour d'elle. Son amour de la méditation est bien le seul point commun qu'elle ait avec eux. Même si Colombe est capable d'approfondir ses réflexions bien plus que la majorité des Naturalistes...


Colombe vient de quitter la table, prétextant une grande fatigue pour aller rejoindre son lit au plus vite et éviter les questions gênantes de ses parents qui ont bien remarqué que quelque chose ne tourne pas rond ce soir. En deux temps trois mouvement, elle se retrouve sous sa couette, sur le dos, les yeux fermés, la respiration profonde et son cerveau bouillonnant. Il l'a ignorée, rejetée, rabaissée. Il se montre toujours très rude avec les Incroyants, et son statut de petite-fille de Guévara ne laisse aucun doute à ce sujet, malgré tous ses efforts. Les parents de Colombe sont de fervents défenseurs des pensées Incroyantes. Bien rares sont les jeunes qui aujourd'hui se revendiquent de cette culture, et l'école Naturaliste n'aide aucun enfant ou adolescent à sortir du moule qu'elle a savamment construit depuis des décénies. Selon l'école, le Naturalisme n'est pas en contraction avec les croyances anciennes, Religieux ou Incroyants. En effet, le végétarisme n'impose nullement de croire ou non en un Dieu. Ni la pratique quotidienne du yoga. Ni les chants enseignés dès le plus jeune âge opposés au braconnage. Non, en effet, se rappelle Colombe. Cependant, la Nature est un tout intouchable. C'est elle qui nous a fait naître et elle qui décide lorsque nous ne seront plus. C'est elle qui décide ce que nous sommes, physiquement et mentalement. C'est elle qui nous souffle nos pensées, qui guide nos pas, qui nous fait rencontrer l'amour. Et c'est aussi elle qui incite l'école à faire entrer ces idées de force dans toutes les petites têtes blondes tant qu'elles ne savent pas penser par elles-mêmes. C'est elle qui nous pousse à suivre le chemin de l'Éclosion et, comme la majorité de nos camarades, de se laisser Éclore à 8 ans. Les parents de Colombe étaient de ceux qui osent demander une dérogation, l'argumenter, et l'assumer. Grâce à eux, Colombe a pu éviter une partie ce lavage de cerveau scolaire. Elle en avait retiré, même à l'époque, une certaine fierté, voire une supériorité. Elle était différente. Elle connaissait la Vérité et tous les autres enfants de son entourage étaient pervertis par les mauvaises paroles des Naturalistes. Avec les années ce sentiment s'est peu à peu dissipé. Elle a eu la chance de rencontrer plusieurs Naturalistes intelligents, qui l'ont écouté. Certains ont même déclaré comprendre ce qu'elle ressent. Seuls les Religieux ont pris encore plus de distance avec les Incroyants que les Naturalistes... Saleté de Toussaint ! Lors d'un repas dans le restaurant de l'université, Toussaint était dans le dos de Colombe et discutait avec l'un de ses amis. Le brouhaha était très présent, comme dans toutes les cantines peuplées de jeunes adultes pas encore réellement matures, cependant les pensées de Colombe l'avaient emporté loin de ce raffut. Elle écoutait distraitement la discussion de Toussaint et son voisin, de la même manière qu'elle aurait pu écouter les paroles des personnes derrière elle dans les barques communes utilisées pour remonter l'Yvonne. C'est alors que Toussaint souffla à son voisin qu'il espérait qu'ils se retrouveraient tout deux plus près du prêtre ce dimanche à l'église que le dimanche précédent. Toussaint. Toussaint Caurnais. Religieux ! Impensable. Elle qui avait eu l'occasion de discuter avec lui quelques fois et qui l'avait trouvé plus ouvert que d'autres étudiants de son âge. Ils avaient même échangé quelques sourires avec elle lorsqu'ils étaient loin de la foule. Lui qui était certes discret mais dévoué. Oh oui, dévoué, mais pas à la cause qu'elle imaginait, à son Dieu ! Le choc avait été très rude. Elle s'était répété cette phrase en boucle sans même oser y croire. Peut-être avait-il remarqué qu'elle écoutait leur conversation ? Peut-être avait-il seulement voulu la provoquer. Peut-être son unique but était de la repousser à tout jamais, cette Incroyante pas fréquentable ? Il lui avait fallu plusieurs semaines pour avaler la nouvelle. Cela la décevait profondément, et pourtant elle n'arrivait pas à croire qu'il soit perdu complètement. Lui qui est si vif d'esprit, prêt à discuter si un espace lui est offert loin des regards, et qui semble à l'écoute de ce que peuvent dire les autres, même Colombe ! Elle avait alors pris rapidement ses distances. Elle ne voulait plus le croiser. Jamais. Puis petit à petit, la haine née dans son cœur s'est acoquinée avec la curiosité. Elle essayait d'écouter ce qu'il avait à dire. Le plus discrètement possible. Elle lançait des pavés dans la marre lors de discussion avec d'autres, qui iraient irrémédiablement demander son avis à Toussaint, l'étudiant le plus sûr de lui que l'université ait compté dans ses rangs. Et elle tendait l'oreille aux discussions qui relataient ses réponses. Elle s'est ainsi construit mentalement une représentation de l'esprit de Toussaint. Elle a analysé chaque phrase, disséqué chaque argument avec la rigueur et la minutie dont elle est capable lorsqu'un sujet la passionne, et synthétisé toutes ces informations dans son esprit. Elle sait qui est Toussaint Caurnais. Elle sait également qui il souhaite faire croire qu'il est. Et elle espère qu'elle saura un jour lui faire prendre conscience de son potentiel et de ses qualités qu'il préfère renier comme il renie les Incroyants. Aujourd'hui pourtant, il lui a clairement fait comprendre qu'elle n'a aucune place dans sa vie et qu'elle n'en aura jamais.

Round 3/36 écrit le mercredi 6 janvier 2016

346 mots | 2068 signes | 13:34:14

Après avoir eu tant de difficultés pour s'endormir, Colombe ouvre l'oeil à 9h30 ce vendredi matin. Son cours de Science du Yoga débute à 11h et il est grand temps de sortir du lit. Après avoir avalé sa portion de porridge en coup de vent et passé quelques minutes dans le cabinet de toilette, la voici partie à pied pour l'Université. Comme tous les matins, elle traverse le 24è arrondissement, puis le 16è, le 8è et entre enfin dans le 7ème où se situe d'université généraliste d'Aucham. Des logements en torchis du 24è et en bois du 16è, elle arrive après avoir traversé un long parc aux immeubles en pierre de taille dans le 8è. On aperçoit même quelques pavillons individuels dans le 7è arrondissement autour de l'université, où logent certains professeurs. L'université est très étendue et possède dans ses jardins de nombreux vergers et potagers accessibles à tous. Une source d'eau minérale a jailli il y a quelques années auprès du bâtiment des études du corps et du sport, et a été mise à disposition, après quelques travaux, des étudiants et du personnel de l'université. Colombe passe devant chaque matin et en profite pour remplir sa gourde pour la journée avant de rejoindre sa salle de cours. Aujourd'hui, ses camarades de classe portent tous un pantalon ample en coton léger, resserré par un lien à chaque cheville, et un T-shirt près du corps de couleur vive. Les cours de Science du Yoga sont souvent pratiques, le le professeur n'hésite pas à faire tester à ses élèves les théories qu'il vient d'énoncer. A la fin du cours, Colombe a appris comment détendre ses muscles de ses cuisses après une course pour diminuer le temps de récupération. La semaine dernière elle a appris à étirer son dos et à le muscler à partir de quelques exercices très simples, qui sont principalement utilisés après les chocs traumatiques. Et c'est emplie de ce nouveau savoir que Colombe se dirige à grand pas vers le réfectoire, perdue dans ses pensées bien loin de ses soucis de la veille au soir.

Round 4/36 écrit le jeudi 7 janvier 2016

424 mots | 2558 signes | 13:34:14

Dans la file d'attente devant le réfectoire, une jeune métisse élancée s'approche de Colombe. "Hé, Colombe, je t'ai cherchée hier midi, je ne t'ai pas trouvé ! - Salut Capucine, je suis désolée j'avais des recherches à faire à la bibliothèque, je n'ai pas pu te prévenir. - Ce n'est pas grave. J'étais passée voir notre casier d'échange mais tu ne m'avais pas laissé de note comme nous le faisons d'habitude. Je me suis fait un peu de souci pour toi. - Tu sais bien que je ne suis pas quelqu'un sur qui on peut compter ! glisse Colombe, un sourire sincère au coin des lèvres. - Ne m'en parle pas, je ne compte plus les fois où j'ai dû manger en tête à tête avec un lat de poireaux !" Une fois installées à table, comme bien souvent, c'est Capucine qui fait la conversation. Depuis qu'elle s'est spécialisée en Nutrition, elle dissèque tous les menus que créée l'université. "Ce n'est quand même pas possible qu'une des université les plus réputées, et qui possède un centre de recherche en Nutrition les plus importants du pays, puisse servir des poireaux et des asperges dans la même semaine !" Après, quelques secondes des silence, Colombe l'encourage à poursuivre : "Ah, pourquoi ça ? - Les poireaux et les asperges sont issues d'une famille de plantes commune. Ils ont les même qualités nutritives et sont souvent accompagnés des mêmes sauces maigres. De ce fait, leur goût est assez proche. Ils sont certes très riches en eau et en oligo-éléments, mais leur spectre de nutriments n'est pas très vastes et à trop en manger on peut développer de sévères carences. Autrefois, on les accompagnait de lard, tu sais, la couche de graisse juste sous la peau du cochon. Cela complétait très bien les manques du poireau, mais de nos jours, même le soja ne fait prendre ce rôle. Il faudrait vraiment qu'un administrateur reprenne en main les potagers de cette université pour qu'on puisse réellement diversifier notre alimentation. Il y a tout de même d'autres plantes qui poussent sous nos latitudes en cette saison !" Colombe aime écouter Capucine. Elle est pleine d'énergie, bourrée d'humour avec un solide sens des réalités. Colombe sait qu'elle a besoin de personnes comme elle pour la rattacher au monde réel et ne pas le fuir en permanence. Cela fait désormais plus de 3 ans qu'elles se sont rencontrées par hasard en arrivant à l'Université, et leur coup de foudre du premier jour ne semble toujours pas avoir perdu de sa superbe, bien qu'elles ne suivent pas les mêmes cours.

Round 5/36 écrit le samedi 9 janvier 2016

1 mot | 0 signe | 13:34:14

Round 6/36 écrit le samedi 9 janvier 2016

318 mots | 2046 signes | 13:34:14

Capucine quitte Colombe peu avant 14h, le temps pour elle de traverser le campus de l'université pour retrouver le bâtiment où se tiendront ses cours de l'après-midi. Colombe, quant à elle, se rend derrière les serres pour atteindre le Zoo, cet immense hangar à ciel ouvert où vivent en liberté quelques dizaines de petits animaux. L'université considère que ces animaux disposent de suffisamment d'espace vital pour affirmer qu'ils ne sont pas en cage, conformément à la culture Naturaliste. Cependant, plus d'une dizaine de voix étudiantes se sont faites entendre ces dernières années contre cette opinion, et petit à petit le nom "Zoo" est devenu le nom officieux du bâtiment, employé par la majorité des étudiants aujourd'hui. Au Zoo, on trouve principalement des animaux de basse-cour et de petits mammifères comme des chiens, des chats, des chèvres, etc. Le plus grand d'entre eux est Mammou, l'âne nain qui mesure 70 cm au garrot. Colombe, en l'apercevant, se rappelle son histoire. Cet âne est arrivé à au Zoo il y a 3 ans, après avoir été retrouvé dans le sous-sol d'une auberge de la proche banlieue d'Aucham, à l'issue d'une traque policière. Selon toute évidence, les propriétaires de l'auberge ont été dénoncés : quelques plats qu'ils préparaient étaient composés de viande mais ces plats n'apparaissaient pas sur la carte. Ils étaient donc servis à la demande du client uniquement. Il n'est pas illégal de manger de la viande en France aujourd'hui car "chacun garde sa liberté d'action" selon les dires du gouvernement, cependant il est illégal d'en vendre. Et de tuer un animal. Comment alors considérer qu'il est réellement légal de manger de la viande ? Quelle aberration logique ! Ce gouvernement est incroyablement hypocrite. Les naturalistes sont incroyablement hypocrites ! Colombe doit alors fermer les yeux et inspirer profondément pour retrouver son calme, et s'approcher de l'enseignant de Soins Animaux qui commence alors à présenter le sujet du cours d'aujourd'hui.

Round 7/36 écrit le mardi 12 janvier 2016

727 mots | 4399 signes | 13:34:14


Colombe rentre chez elle d'un bon pas sous un soleil voilé, encore haut dans le ciel. Elle reconnait le premier moulin du 24è arrondissement à 200m devant elle et sait qu'elle pourra s'allonger dans son lit d'ici quelques minutes après cette journée pourtant courte et agréable. Arrivée devant sa maison, elle pousse la porte et lance le "Salut, c'est moi !" habituel. Mais au lieu de la réponse aimable de sa mère, un silence gêné emplit la pièce. Un homme d'une quarantaine d'année se tient dans le fauteuil face à Anémone, face à la porte. Il porte un pull en laine gris tricoté à la main selon toute évidence, un pantalon habillé cependant, et un chapeau qui évoque ceux des jazzmen de la Nouvelle Orléans des années 1920. Il est peu ridé, mais ses cheveux blonds grisonnants qui lui tombent sur les épaules rappellent les années qu'il a vu défiler. Colombe réfléchit quelques instant et pense sincèrement ne jamais l'avoir rencontré. Anémone se lève et présente l'homme à Colombe : "Colombe, je te présente Gabin de Brest. Il est venu ici pour te rencontrer." Colombe se retrouve figée et n'arrive même pas à balbutier un bonjour. Lorsqu'elle reprend ses esprits, Gabin a déjà commencé à expliquer sa visite : "Colombe, c'est en toute discrétion que j'ai rejoint cette maison dans l'après-midi dans l'espoir que tu arrives avant la tombée de la nuit. Je suis le recruteur des Incroyants et ai pour rôle d'approcher les profils qui nous intéressent pour mener à bien nos missions. Aussi, si tu refuses de nous rejoindre tu devras oublier notre rencontre et ma personne. - Euh, oui, bien sûr, arriva-t-elle à formuler presque distinctement, les tempes battantes et le rouge aux joues. - Tu nous as été recommandée par l'un des nôtres il y a plusieurs années, mais nous devions attendre que tu sois prête à nous rejoindre,. D'ailleurs cette personne m'a laissé une lettre pour toi. Elle te présentera nos buts, nos moyens pour les atteindre, mais également quelques exemples d'activités auxquelles tu pourrais être amenée à participer. Je pense que tu connais déjà le groupe des Incroyants, je ne te ferai pas l'affront de te rappeler les bases de l'organisation. Sache seulement que ta voix comptera autant dans l'organisation que celle des anciens, et que tu pourras nous quitter à tout moment si cela ne te convient pas. Dans ce cas, nous exigeons uniquement une explication détaillée de ce choix afin de pouvoir nous améliorer et ne pas perdre d'autres membres de la même manière." Il prend une pause de quelques secondes pour vérifier que Colombe imprime bien ses paroles dans son esprit., puis reprend : "Prends le temps de lire cette lettre et de réfléchir à ton engagement. Je me tiendrai dans une semaine, à la même heure, devant le Puits Sans Fond dans le Parc de la Misère." Colombe regarde d'un geste vif sa montre à gousset pour regarder l'heure : 17h42. Gabin ne parait pas remarquer le geste de Colombe et continue sur sa lancée : "Rejoins moi pour que nous puissions parler de ton choix, je pourrais aussi répondre aux questions que tu te seras posées." Il se lève alors, salue Anémone, et s'approche de Colombe pour lui serrer la main. Un grand sourire accompagne la chaleureuse poignée de main que Gabin offre à Colombe pour leur premier contact physique. "Ce serait vraiment dommage de devoir nous passer d'une telle personnalité !" achève-t-il après avoir posé une enveloppe sur la table, puis sans rien ajouter, il s'éclipse de la maison telle une ombre. Colombe, encore hébétée, se tourne vers sa mère et lui demande "Est-ce une plaisanterie Maman ? Je ne savais pas que tu connaissais cet homme !" Tout à coup,Colombe réalise que le visage de sa mère est radieux, une larme est prête à jaillir de son oeil gauche. Et c'est d'une voix forte et fière qu'elle répond "Oh que non ce n'est pas une blague ! C'est bien à ma fille, Colombe Viannay, petite-fille de Guévara Danquarra, que l'on vient de proposer de rejoindre les Incroyants. Qu'il serait fier de toi !" Anémone vient prendre Colombe dans ses bras et l'embrasse avec tendresse. Colombe devine que sa mère attendait ce moment avec impatience lorsqu'un souvenir très ancien se rappelle à son souvenir, un souvenir dans lequel Anémone lui parlait avec admiration de la vie de son père l'aventurier.

Round 8/36 écrit le mercredi 13 janvier 2016

1368 mots | 8715 signes | 13:34:14

Ma belle Colombe,

Lorsque ta mère m'a annoncé en 2042 qu'elle attendait un enfant, j'ai été tellement ému que j'ai versé une larme. Ce n'était ni de la joie, ni de la tristesse, mais un profond sentiment de fierté. J'ai pensé alors que grâce à ton père, qui a le bon goût d'être également au mien, mon sang de Guévara fondateur des Incroyants pourra continuer à couler dans les veines d'un autre être humain. Un être humain sain d'esprit car il sera élevé par des personnes en qui j'ai toute confiance et qui me donnent leur soutien même s'ils n'ont pas pu s'engager physiquement à mes côtés. Mon combat ne sera donc pas vain car, j'en suis convaincu, mon unique petite-fille possède toutes les qualités pour reprendre le flambeau !

J'ai vu les Naturalistes naître dans les années 1970, au début moqués, puis adulés, puis moqués de nouveau une fois la mode hippie passée. Mais insidieusement, leurs idées ont infiltré les pensées des hommes. Un peu avant l'an 2000, le premier parti naturaliste a été créé, encore beaucoup décrié. Puis les années ont passé, ils ont su convaincre la population que le bien-être personnel et l'équilibre mondial sont les seuls combats à mener sur cette terre. Le bien-être au dépit de la raison... Le cannabis a été légalisé en 2020 en France, quoi de mal ? "Ce n'est qu'une plante qui détend, qui guérit, qui apaise." Le sport est devenu dans les esprits, sans que la législation y soit mêlée, un droit inaliénable du genre humain. Les hommes et les femmes qui travaillaient dur, ceux qui était passionnés par la science, ceux qui passaient leur temps au service de la réflexion et de l'esprit libre ont été petit à petit rejetés par la société. Considérés comme des malpropres qui ne savaient pas profiter des joies de la nature, de la libération du sport, de l'élévation de la musique ou des bienfaits du végétalisme. J'ai de mes yeux vu la révolution tranquille contre la technologie. Le peuple se détourner des progrès de la médecine classique lorsqu'elle ne suivait pas les préceptes naturalistes stricts. "Prendre des antibiotiques ? Vous n'imaginez pas, cela tue les bactéries. Les bactéries sont des êtres vivants elles-aussi, ne l'oubliez pas !" ou "Des vaccins ? Savez-vous seulement combien d'animaux ont été tués et torturés pour les fabriquer ?" Se demandent-ils seulement combien d'être humain sont morts de ne pas avoir été vaccinés ? Ce n'est pas à défaut de m'être intéressé à leur point de vue, le plus honnêtement qu'il l'ait été possible de faire, mais je n'ai toujours pas compris pourquoi sacrifier des années de sa vie pour baigner dans un bonheur théorique fait de course à pied, de lecture faciles, et de jus de fruits "bio" (c'était le terme utilisé à l'époque par les Naturalistes). Le vrai bonheur, le mien, je l'ai trouvé dans la lecture d’œuvres polémiques, dans la création de mécanismes inventifs, dans la discussion sincère et sans préjugés avec mes pairs ou avec mes ennemis moraux, dans l'étude des phénomènes physiques, et petit à petit dans la remise en cause de la philosophie Naturaliste qui s'est étendue jusqu'à la politique et ce dans le monde entier. Et contrairement aux Naturaliste, je ne souhaite l'imposer à personne. Ce que je souhaite imposer par contre, c'est que l'ensemble des humains sur cette planète se posent l'ensemble de ces questions et cessent d'être aveuglés par leur culture naturaliste. La disparition rapide de la technologie des années 2000 nous a fait beaucoup de tort, à nous les anciens. Nous ne pouvons plus savoir instantanément ce qu'il se passe ailleurs, il nous faut désormais que l'information arrive, et qu'elle ne soit pas censurée... Le recours aux chevaux pour transmettre des lettres, lorsqu'il a été proposé comme premier service public Naturaliste en 2022, m'a fait autant rire le jour de son annonce, que j'ai pleuré l'année suivante lors de la "déconnexion" d'Internet. L'ancien réseau de communication instantané mondial où s'échangeaient, les idées les plus folles des derniers anti-naturalistes sur terre, qui tous découvraient avec horreur que le Naturalisme détruirait ce qui leur était le plus cher. Un moyen de combiner nos pensées avec l'ensemble des humains du globe pour parvenir toujours au meilleur compromis, quelles que soient les questions ou les problèmes soulevés. Et la disparition d'Internet ne pouvait malheureusement pas être résolue par ce moyen-là...

Comme tu le sais peut-être, j'ai créé le premier groupe des Incroyants de France en 2023. Ce que tu ne sais pas, c'est que mon but initial n'était pas de nous exposer comme un groupe contre le Naturalisme (tu n'imagines pas le tollé que cela aurait provoqué !). Non, c'était simplement un groupe avec l'idée de remonter Internet. Au niveau local tout d'abord, avec mes amis d'Aucham, avec l'espoir que d'autres groupes identiques existeraient dans les villes et les campagnes alentours. Nous avions aussi le rêve fou que nous pourrions secrètement entretenir un réseau mondial alternatif pendant de longues années. Le nom de ce groupe d'Aucham était à l'époque "Les survivants de la technologie". Nous avons réussi à reconstituer un réseau dans la ville en réutilisant les infrastructures qui n'avaient pas été détruites par le gouvernement en 2023. Ce réseau a tenu 3 ans, pendant lesquels nous avons cherché des réseaux semblables autour d'Aucham mais sans moyen de transport plus efficace que le cheval, nous n'avons pu rayonner très loin. Et ces recherches ont malheureusement été infructueuses. Petit à petit, la chasse au silicium, le minéral utilisé dans les ordinateurs et les objets électroniques de l'époque, nous a fait perdre un grand nombre d'éléments de notre réseau. Nous n'avons pas pu l'entretenir correctement, ni le reconstruire à l'infini. Nous avons du, en 2026 donc, renoncer à notre réplique bancale d'Internet. Et c'est alors que nous avons réellement pris conscience du risque que fait peser le Naturalisme sur le genre humain.

Notre groupe de 12 personnes a décidé de commencer à s'organiser pour réfléchir aux actions à mener contre le gouvernement Naturaliste et les moyens qui nous était possible d'utiliser. Nous nous sommes posé beaucoup de questions éthiques, les solutions que nous nous autorisions à utiliser, les pratiques des Naturalistes qui portaient le plus d'outrage au genre humain pensant, mais aussi le moyen de recruter car nous n'étions plus tout jeunes à l'époque. Je m'approchais moi-même de la soixantaine, et il nous fallait des jeunes pour reprendre le flambeau.

Cependant, quelques membres du groupe n'étaient pas en accord sur certains points qui me semblaient fondamentaux. Pour moi, personne ne guide nos vies et nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive. Pour ces autres, il existe un Dieu qui dirige la Nature, et c'est en ça que les Naturalistes se trompent lorsqu'ils considèrent que c'est la Nature qui nous pousse à agir par nos instincts primaires. A l'issue d'une soirée de réflexion dans notre quartier général, 3 hommes et une femme du groupe ont alors décidé de ne pas nous suivre, même s'ils étaient également en opposition avec les Naturalistes. Avoir un ennemi commun n'est pas toujours le moyen de se mettre d'accord, surtout lorsqu'il s'agit de religion. Nous les avons laissé partir, malheureusement ils connaissaient notre existence, et nos buts. Nous savions aussi qu'ils monteraient un nouveau groupe autour de leurs idéaux. C'est sur cet accord tacite de non-dénonciation que nous nous sommes fait nos adieux. Ces personnes étaient pour moi des amis de longue date auprès de qui j'avais donné tout mon être. Et il m'a été très difficile de me remettre de ces évènements.

Heureusement, au même moment, les quelques personnes que nous avions pu rencontrer dans l'idée d'un potentiel recrutement étaient très intéressantes. Plus jeunes, plus fougueuses, avec parfois même des idéaux plus forts que les nôtres et des idées que nous n'aurions jamais osé évoquer. Cela m'a redonné beaucoup d'espoir, et surtout l'envie d'étendre notre influence car il existait alors de très nombreux humains qui n'attendaient qu'une déclic pour prendre conscience de l'incongruité du mouvement Naturaliste.

Quelques longues années plus tard, tu naissais enfin. Très rapidement j'ai remarqué ton intelligence vive et ton goût pour la confrontation des idées. A l'anniversaire de tes 5 ans, j'étais sûr de moi : tu es celle qui devra prendre ma suite lorsque je ne serai plus là.

Round 9/36 écrit le lundi 18 janvier 2016

73 mots | 415 signes | 13:34:14

Tu grandis très rapidement, mais pas aussi rapidement que je vieillis. Nous sommes le 11 octobre 2050, tu as passé la journée chez moi et tu l'as ensoleillée par ta présence. Tu as encore une fois démontré que ton intelligence n'a d'égal que ta discrétion. Tu m'as parlé de tes copines dont l'Eclosion est proche, et tu m'as donné ton avis sur cette situation, ton propre avis, pas celui de tes parents.

Round 10/36 écrit le lundi 8 février 2016

489 mots | 3021 signes | 13:34:14

J'ai eu envie de t'écrire cette lettre ce soir lorsqu'Anémone est venue te chercher. Dès que tu as eu quitté mon salon, j'ai ressenti un immense vide et un grand épuisement. J'ai 83 ans. Je suis un vieillard. Je suis malade et ce monde Naturaliste m'empêche de me soigner correctement. Dans peu de temps je quitterai ce monde. Tu es trop jeune pour que je puisse t'adresser ces mots aujourd'hui, je compte donc sur les Naturalistes pour te remettre cette lettre lorsqu'il te jugeront prête. J'espère qu'il ne tarderons pas trop, et qu'ils ne s'égareront pas en ton absence. Évidemment, tu devras respecter les quelques règles fondamentales des Incroyants. Tu ne seras pas le chef. Il n'y a pas de chef. Mais je compte sur toi pour exprimer haut et fort tes remarques, tes questions et ton avis. Tu ne porteras pas mes paroles mais bien les tiennes, en lesquelles j'ai une entière confiance. Tout le monde saura qui tu es, et puisqu'il existe en majorité chez les Incroyants des esprits clairvoyants et honnêtes, ils te feront confiance également.

Je t'embrasse, ma douce Colombe, et j'espère que cette lettre te rappellera à quel point tu es aimée par tes parents et par ton vieux grand-père. Tu as le choix, mais je sais déjà quelle sera ta décision.

Guévara Danquarra


Colombe est allongée dans son lit, hébétée. Elle n'a que peu de souvenirs de son grand-père, décédé début 2051. Cette lettre complète l'idée qu'elle s'était faite de son grand père. Un aventurier, prêt à tout pour aider son prochain, mais de manière la moins visible possible. Il n'aimait pas les honneurs. Il cherchait même parfois à brouiller les pistes afin que personne ne sache qui devait être remercié par une action. Il était tendre avec elle et lui montrait beaucoup d'amour, mais il lui arrivait également de poser à Colombe tout un tas de questions, sur tout un tas de sujets. Colombe adorait ces discussions. Même si elle comprenait rarement où il voulait en venir. Colombe savait bien que Guévara était l'un des créateurs des Incroyants. La ville entière le savait. Et pourtant, elle ne connaissait pas en détail son histoire. Elle a grandi dans la culture Incroyante, ses parents ont publiquement souhaité qu'elle ne fasse pas son Eclosion, mais elle n'a jamais réellement réfléchi au chemin qui a mené ses parents et encore moins son grand-père à faire ce choix. Et aujourd'hui, voilà qu'elle avait 24h pour choisir si elle rejoindra ou non les Incroyants. Elle qui se demandait ce matin même ce qu'elle pourrait bien faire de sa vie, une fois son diplôme très généraliste en poche, ce diplôme qui lui permettrait d'exercer à peu près tous les métiers nécessitant un Bac+5, qu'ils soient dans le commerce, dans le service, dans le sport, dans l'éducation, ... Un choix tellement large qu'elle ne savait que choisir. C'est dans ces réflexions, sans même avoir pris le temps de se déshabiller ou de manger qu'elle s'endort d'un sommeil agité.

Round 11/36 écrit le mardi 9 février 2016

757 mots | 4524 signes | 13:34:14

Colombe ouvre les yeux, le jour commence à poindre. Nous sommes le samedi 11 avril 2065, Colombe devine qu'il est presque 6h. Elle s'étire lentement et réalise qu'elle est habillée dans son lit. Tout lui revient alors à la mémoire. Son père a dû rentrer après qu'elle soit endormie, et Colombe imagine que sa mère a passé un bon moment à lui raconter les évènements qui venaient de se produire. Ils ont du se coucher à une heure tardive, et cela tombe bien car Colombe n'est absolument pas prête à parler avec ses parents. Elle décide de filer s'occuper de sa parcelle de potager à une cinquantaine de mètres derrière la maison tant qu'ils ne sont pas encore debout. En à peine quelques secondes et avec la plus grande discrétion, la voilà sortie, un sécateur à la main. Et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ses pensées sont déjà loin de la taille de ses rosiers...

Il est 11h quand Colombe réalise que ses idées tournent en rond depuis de longues minutes et qu'elle ferait bien de prendre son courage à deux mains pour aller saluer ses parents. Ceux-ci l'attendent patiemment dans le salon. Dès qu'elle entre dans la pièce, son père se lève pour la prendre dans ses bras en silence et embrasse son front avec amour. Il ajoute simplement : "Je ne souhaite pas t'influencer dans ton choix. Je ne tient pas te parler de tout cela, mais si tu as des questions n'hésite pas une seule seconde. Maman et moi seront ravis de pouvoir te donner d'autres informations. - Merci, souffle Colombe en réponse." Quel soulagement ! Comme bien souvent ses parents sont bienveillants et la connaissent si bien qu'ils font rarement des erreurs. Et c'est très rare que Colombe leur en veuille pour une raison ou pour une autre. Ils sont merveilleux, simplement merveilleux. Soudain une question émerge dans son esprit : est-ce que ses parents font partie des Incroyants eux aussi ? Colombe a formulé cette question sans même sans rendre compte tellement elle a été surprise de ne pas se l'être posée plus tôt. Anémone sourit, avec une pointe d'amusement dans le regard que Colombe saisit aussitôt : "A l'époque de la création des Incroyants, ma chérie, Papa a souhaité me laisser en dehors de ce groupe. Il ne savait pas vraiment ce que ce groupe allait devenir, s'il risquait d'être découvert et catalogué illégal, voire fortement répréhensible. De toute évidence, il ne souhaitait en aucun cas m'entraîner dans sa chute si lui-même avait dû quitter la maison. En 2032, le jour-même de mes 30 ans, j'expliquais à Papa que j'avais décidé de les rejoindre. Il était toujours réticent à cette idée et m'a demandé de patienter encore un peu. C'est justement à cette période que j'ai rencontré ton père de qui je suis tombée follement amoureuse. Il m'a fallu 2 ans et beaucoup d'efforts pour réussir à ce qu'il me remarque." Elle lance alors un coup d’œil complice à son mari. "Et dès qu'il m'a pris dans ses bras, j'ai eu envie de me consacrer à ma vie de future épouse et mère. J'ai ensuite continué à laisser s'assagir mes idéaux de jeunesse..." Son mari la complète alors : "Le rôle de ton grand-père dans la création des Incroyants commençait à se savoir à Aucham. J'avais de la sympathie pour ce mouvement, même si j'ai été élevé chez des Naturalistes pur souche. J'avais un peu questionné ta mère sur ce sujet, mais elle avait fini par redouter que les choses tournent mal et qu'elle ne puisse pas profiter pleinement de sa nouvelle vie. Cela me convenait très bien, d'autant plus que savoir que la plus belle femme de la région, et la plus intelligente évidemment, souhaitait se préserver afin de passer ses jours à mes côtés ne pouvait que me rendre heureux." Colombe ne comprend pas vraiment l'importance que sa mère avait donné à l'amour face à des idées qui lui étaient pourtant chères. Ce n'est pas la peur de la répression qui retiendrait Colombe d'agir au nom de ses idées. Ni l'idée que Toussaint puisse la considérer. Et de toute façons, elle n'envisage de réaliser aucun acte répréhensible actuellement : pas de violence ni envers les hommes ni les animaux, pas de vol ou de saccage, pas de création de solutions automatiques ou informatiques... Que pourrait-elle craindre ? Elle sourit largement à ses parents en guise d'un remerciement sincère et leur fait part de son souhait de rester seule encore un peu. Elle rejoint sa chambre à pas rapides et se rue sous sa couette.

Round 12/36 écrit le dimanche 14 février 2016

554 mots | 3375 signes | 13:34:14

Ce lundi matin est arrivé très vite. Colombe a passé son weekend à écouter de la musique et à vagabonder dans les rues d'Aucham. Elle est maintenant assise au troisième rang à droite, près de la fenêtre, comme à son habitude, pendant son cours de cosmétique. Elle regarde avec attention son professeur mélanger des extraits de différentes plantes dans des bocaux de verre, mais son esprit est ailleurs. Colombe a toujours aimé les cours de cosmétique, même si elle-même préfère ne pas de maquiller. Mais aujourd'hui ce cours lui parait si fade, si triste. Ses camarades de classe sont pour la moitié en train de terminer leur nuit, alors que l'autre gribouille leurs notes sur leurs carnets de manière automatique. Comment est-il possible qu'elle ait réussi à passer plus de 4 ans sur ces bancs où jamais rien de ne passe ? Certes, elle y a appris beaucoup de savoir, mais quel est le but de tout ça ? Elle ne savait absolument pas il y a 3 jours quel métier elle souhaitait exercer. Rien n'avait de sens, elle ne s'était jamais projetée dans un avenir quelconque, elle pensait pouvoir faire demi-tour n'importe quand, et être capable d'enfilera n'importe quelle tenue en fonction du premier travail qu'elle trouverait. Tant qu'elle pourrait continuer à apprendre, elle serait heureuse. Cette certitude de n'avoir aucune certitude a toujours été son fer de lance, mais aujourd'hui, elle oscille entre désillusion face à ce monde, et envie de partir en courant rejoindre Gabin et les Incroyants. Elle se dit qu'elle a peut-être enfin un rôle à jouer sur cette Terre. Que peut-être le monde dans lequel elle vit n'attend qu'elle pour retrouver son souffle. La fin du cours est annoncée, Colombe se lève machinalement et se dirige vers la sortie. Son professeur la rattrape et lui adresse un sourire : "Vous semblez bien dans la lune, mademoiselle Viannay. Vous n'avez pas relevé mon erreur sur la quantité d'essence de Murlap à ajouter sur les feuilles d'églantine... J'espère qu'à l'avenir vous serez plus prompte à me corriger si je fais de nouveau d'aussi grossières erreurs dans mon cours ! Je n'aimerais pas que vous ne soyez pas à la hauteur des compliments que j'ai fait sur vous auprès de l'entreprise Soins et extase vendredi dernier..." Colombe mis quelques secondes à percuter. Soins et extase, l'entreprise de cosmétique la plus en vogue du moment, lancée il y a 3 ans par un élève de dernière année de cette université ! Son professeur l'a-t-il vraiment recommandée ? "Oh, merci monsieur. Je ... ne mérite pas vos recommandations. Mon camarade Daumont est bien meilleur élève que moi, et..." Son professeur l'interrompt : "Meilleur élève, oui, mais vous avez bien plus de potentiel mademoiselle, et plus d'humilité. Un peu de confiance en vous suffirait à vous faire atteindre des sommets !" Colombe rougit à ces mots et quitta la salle à grands pas pour se diriger vers le réfectoire. Cet évènement tant inattendu et incroyable tombe à pic : elle pourra en effet s'en entretenir ce midi avec Capucine plutôt que d'avoir à lui cacher la visite de Gabin en prétextant que rien ne s'est passé d'intéressant ces derniers jours. Et c'est d'un pas assuré et les joues rougies par la jubilation que Colombe retrouve Capucine à quelques centaines de mètres de l'entrée du réfectoire.

Round 13/36 écrit le lundi 15 février 2016

547 mots | 3507 signes | 13:34:14

Il est 14h, Colombe se dirige vers la bibliothèque sur les conseils de Capucine où elle sait qu'elle pourra trouver plus de documentation sur Soins & Extase. Capucine comme toujours s'est montrée extrêmement bienveillante et pleine de bons conseils. Avant de se décider, Colombe doit être certaine que cette entreprise, même si elle était connue dans toute la France et adorée aussi bien par ses clients que par ses partenaires, correspond à ses aspiration et propose des postes qui lui plaisent sincèrement. Capucine sait que Colombe n'est pas une Naturaliste jusqu'au bout des ongles et qu'une entreprise de biocosmétique nage dans cette culture : le bien être et la beauté naturelle, offerte par les plantes ou des minéraux finement broyés. Cela fait bien longtemps que les essais sur les animaux ont été interdits, et encore plus longtemps qu'aucun composé n'est issue d'une quelconque torture animale, comme pouvait l'être au siècle dernier la graisse animale utilisée dans la majorité des cosmétiques. Le nez dans les prospectus de papier recyclé, Colombe dévore les nombreux domaines d'applications de la biocosmétique : le maquillage évidemment, l'hygiène (notamment pour réduire les odeurs de différentes parties du corps), les teintures naturelles diverses et variées (des cheveux aux ongles, en passant par la peau de la plante des pieds ou du visage), les savons, les huiles de corps, les parfums, et encore tant d'autres. "C'est tout de même incroyable le nombre de produits différents que l'on peut produire à base de quelques plantes... Et dire qu'avant l'avènement des Naturalistes, on pouvait utiliser n'importe quelle matière première et la modifier à l'infini pour créer encore et encore de meilleurs produits !" Colombe aurait aimé avoir des cours de chimie, sont grand-père lui en avait parlé lorsqu'elle était plus jeune. Il était possible de savoir si un jus d'orange était passé en faisant tomber une goutte d'un liquide spécial sur une goutte de jus d'orange. Cela permettait d'éviter d'avoir mal au ventre pendant des heures d'une manière si simple que Colombe ne comprenait pas pourquoi à l'époque, pourquoi cela était interdit. En grandissant, elle a petit a petit pris conscience de l'influence des naturalistes sur sa manière de vivre, sur la manière de vivre de tout le pays. Elle avait plusieurs passe-temps qu'elle pouvait pratiquer (comme l'observation des plantes au microscope) et qui lui attiraient l'admiration de ses professeurs. Alors que d'autres (comme l'observation des petits animaux au même microscope) lui attiraient les foudres. Rapidement, elle cessa de parler de ses expériences à ses amis ou ses professeurs, et se confia à son grand-père. Puis lorsqu'il eut quitté ce monde, à ses parents. Ceux-ci l'ont toujours encouragée, et à tester de nouvelles expériences, et à les cacher aux autres. Par cela, Colombe s'est toujours sentie spéciale. On lui a toujours dit qu'elle était intelligente, et elle a dû parfois lutter contre elle même pour ne pas devenir une jeune fille pleine d'arrogance et de dédain. Un peu avant 16h, Colombe reprend ses esprits et replace les différents documents qu'elle a pu rassembler des 4 coins de l'immense bibliothèque de l'université. Il est l'heure pour elle de se rendre à son cours de Sophrologie et elle a bon espoir d'apprendre une technique pour dormir de manière plus apaisée que ce qu'elle peut connaitre depuis l'annonce de vendredi.

Round 14/36 écrit le mardi 1 mars 2016

525 mots | 3158 signes | 13:34:14

Nous sommes vendredi midi, Capucine vient retrouver Colombe à la cantine de l'université comme elle le fait fréquemment le midi. Elle reconnait de loin sa coupe de cheveux, courte et en bataille, d'un brun intense, à une place assez à l'écart du reste des tables, près de la fontaine à eau. Capucine hèle Colombe dès qu'elle approche de la table, et prend place en face d'elle. Colombe était perdue dans ses pensées, et l'arrivée de Capucine et de son habituelle gaité lui rappelle à quel point elle tient à cette amie. Un sourire se dessine sur ses lèvres fines : "Salut Capucine, je vois que tu as craqué pour du soja frit aujourd'hui ! Quelle mauvaises habitudes alimentaires pour une future diététicienne... - Oh, tu as une bonne nouvelle à m'annoncer, toi ! réplique Capucine qui a décelé des étincelles dans les yeux de son amie. - Flûte, je sais si mal cacher mes émotions ?! raille alors Colombe. Figure toi que j'ai prévu de rencontrer un chercheur de Soins & Extase mardi prochain. J'ai envoyé une lettre au siège pour convenir d'un rendez-vous, et un collègue de l'homme à qui mon professeur de biocosmétique a parlé m'a répondu le lendemain. J'ai énormément de questions pour ce Philomène Ledoyen, j'espère qu'il saura me conforter dans l'idée que cette entreprise a beaucoup à m'apporter. - C'est une excellente nouvelle ! Tu me raconteras votre entretien, peut-être que je vais décider de me réorienter dans la biocosmétique si tu me trouves une place... - Ne vendons pas la peau de l'ours trop tôt, Capucine, je ne sais même pas si je suis assez compétente pour mériter un poste chez eux... - Ne te sous-estime pas. Je sais très bien que tu es l'une des meilleurs de l'université, tu n'as aucune raison de douter de toi, Colombe." A ces mots, Colombe fait son choix. Elle ira bien retrouver Gabin de Brest ce soir pour lui poser les milliers de questions qu'elle a au sujet des Incroyants. Si Capucine savait que ses mots réconfortants poussent en réalité Colombe a pactiser avec le Diable que représentent les Incroyants aux yeux des Naturalistes, elle déciderait plutôt de la convaincre sur l'avenir et l'intérêt de la Biocosmétique ! A la sortie du réfectoire, Colombe prend son amie dans ses bras : "Je suis tellement heureuse de t'avoir rencontré. tu sais mieux que quiconque m'aider à avancer dans la vie !" Capucine reste bouche bée quelques secondes puis répond : "Hé, tu as peur qu'il te tue ce type de chez S&E ou quoi ?!" Colombe rit à ce sarcasme qu'elle sent teinté de peur malgré tout. "On ne dit jamais assez à ses proches qu'on les aime, je crois. Ça ne m'arrivera pas souvent alors profites-en !" ajoute Colombe avec un clin d'oeil. Capucine lui sourit en retour avant de bifurquer vers les serres de chanvre où se tient son prochain cours. Colombe quant à elle est bien trop surexcitée à l'idée d'en apprendre plus sur les Incroyants qu'elle préfère rentrer chez elle maintenant pour se calmer et préparer plus posément ses questions. C'est presque au pas de course qu'elle traverse les 2 arrondissement qui la séparent de sa chambre.

Round 15/36 écrit le mercredi 2 mars 2016

582 mots | 3383 signes | 13:34:14

En poussant la porte de chez elle, peu après 14h, Colombe réalise que sa mère l'attend de pied ferme. "J'ai bien cru que tu ne rentrerais pas et que tu n'irais pas retrouver Gabin ce soir." - Maman... Tu es rentrée du travail plus tôt pour m'espionner ? - Ce n'est pas de l'espionnage, voyons ! Ce matin tu ne m'as pas dit un mot, je n'ai pas osé te poser la question directement. En tout cas, je suis heureuse que tu sois ici ! Je t'ai préparé un sac avec quelques gâteaux au pavot pour lui, j'y ai ajouté un peu de jus de myrtille que j'ai conservé de l'an dernier. Tu penseras aussi à prendre du change, peut-être que tu vas commencer une première mission ce soir ! - Je ne vais le voir que pour lui poser des questions tu sais. Je ne suis pas certaine de vouloir participer. J'ai aussi reçu une proposition d'entretien de la part de Soins & Extase. Ce serait pour mardi prochain au Café Gourmand, qui est tout près de leur siège, dans le 2è arrondissement. - Oh mais c'est fantastique ! Toutes les bonnes nouvelles tombent en même temps, malheureusement tu ne pourras pas tous les satisfaire. Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé avant ? J'aurais réfléchi à tout ça pour te donner des arguments, poursuit Anémone. - Justement, je ne voulais pas que tu puisses me dire quoi faire. Je sais quelle est ta préférence, et peut-être as-tu raison, mais j'aimerais me faire mon propre avis. - Je sais que tu as raison au fond. Mais les Incroyants tout de même... Ils se cachent si bien que je ne savais même pas s'ils existaient encore avant la semaine dernière. Ton grand-père était tellement investi dans cette organisation, que j'en ai été jalouse dans ma jeunesse. Mais peu avant sa mort nous en avons parlé librement tous les 3 avec ton père et lui. C'est alors que j'ai compris que leur vocation était beaucoup plus large que ce que j'imaginais jusque là. Changer le monde ! Cela peut sembler pompeux ou irréaliste, et pourtant je pense qu'ils en sont capable. Que tu en es capable, Colombe !" Colombe détourne alors le regard de sa mère, gênée. Elle monte alors dans sa chambre "Je vais préparer quelques affaires". Elle s'allonge sur son lit, les yeux fixés au plafond. Elle saisit d'une main la lettre de son grand-père qu'elle avait laissée dans sa table de chevet, pour la relire en entier. Des rêves de grandeur tourbillonnent dans son esprit. Et si elle était vraiment celle qui changerait le monde ? L'humanité se replie sur elle-même en espérant avoir la vie la plus calme possible, la plus normale possible. Et si c'était elle qui lui offrait la possibilité d'avoir de nouveau des rêves, des espoirs plus grands que ceux d'aujourd'hui, des moyens pour conquérir de nouveaux territoires de connaissance ? Après quelques minutes allongée, Colombe reprend ses esprits et se lève. Elle fourre une paire de sous-vêtements et un T-shirt propre dans son sac à dos, y ajoute quelques feuilles et un stylo, cela peut toujours être utile, et descend récupérer les présents de sa mère pour Gabin. Avant de partir pour le parc où a lieu son rendez-vous, Colombe embrasse tendrement sa mère. "Compte sur moi pour faire le bon choix. Je m'en suis toujours plutôt bien sortie sur ce plan là !" Et elle referme la porte doucement derrière elle avant de prendre la direction du Parc de la Misère d'un bon pas.

Round 16/36 écrit le mercredi 2 mars 2016

1236 mots | 7610 signes | 13:34:14

Colombe a pris le soin d'arriver en avance à son rendez-vous et de faire plusieurs fois le tour de la Misère avant de rejoindre le Puits Sans Fond quelques minutes seulement avant l'heure prévue. Là voici donc qui prétend relire ses cours à l'ombre des jeunes feuilles d'un marronnier à quelques pas. A chaque bruit de pas, même lointains, Colombe sursaute ou lève brusquement les yeux. Mais pas de Gabin à l'horizon. C'est alors qu'une vieille bicyclette sort de derrière un bosquet à quelques mètre. Gabin, fier comme un coq de son véhicule à moitié rouillé mais tellement rare de nos jours, freine avec ses pieds sur le sol à 2 pas de Colombe. "Salut Colombe, me voilà, juste à l'heure ! Je suis heureux de voir que tu es là. - Vous auriez pu faire plus discret, j'ai l'impression que la moitié des passants vient de se retourner sur votre passage." Gabin est étonné par tant de franchise dans le discours de la jeune femme, et profite de ce premier pas vers lui pour ajouter avec malice que pour ne pas de faire remarquer il est encore plus simple de commencer par se tutoyer et de s'assoir sur un banc comme de vieux amis. Colombe, en réponse, tord sa bouche en un sourire qui traduit et son malaise de s'être montrée aussi familière et son acceptation de la proposition qui lui semble fondée. Gabin lance rapidement la conversation afin de rentrer au plus vite dans le sujet de leur rencontre : "Est-ce que tu as pu réfléchir à notre proposition cette semaine ? As-tu des questions ou souhaites-tu signer immédiatement le contrat que j'ai apporté ?" Colombe a un mouvement instinctif de recul devant cette pression, mais se rassure en voyant le sourire taquin sur les lèvres de son interlocuteur. "J'ai quelques questions en effet. Tout d'abord, j'aimerais savoir quelles sont les actions que vous menez en ce moment. - Nous venons de décider d'écrire une encyclopédie scientifique, sur la base de notes que l'un d'entre nous a prises d'un texte numérique très complet du début du siècle. - Et ? Qu'allez-vous en faire ? Personne n'accepterait de lire et encore moins d'imprimer ce livre ! - Nous avons déjà une presse en notre possession qui nous permet déjà d'imprimer des affiches et des prospectus. Pour ce qui est de la destination de ce livre, c'est encore en discussion. - Des affiches ? Je n'ai jamais vu d'affiche des Incroyants, réfléchit Colombe à haute voix. Gabin fronce par automatisme les sourcils lorsque Colombe prononce leur nom. Celle-ci réalise alors qu'elle a peut être commis un impair. Elle balaye du regard le sous-bois autour d'eux, mais personne n'est présent. Gabin lui répond, tout en vérifiant lui aussi que personne n'a pu l'entendre. "Nous ne pouvons évidemment pas signer nos affiches par notre nom. Tu as entendu parler des Protecteurs du Corps ? - C'est vous qui proposez des cours du soir pour améliorer la compréhension du fonctionnement de l'organisme humain ? J'ai hésité à m'inscrire, mais j'ai finalement pensé qu'il ne s'agissait que d'un autre cours parmi les centaines qui existent sur les énergies corporelles. Pourtant, l'affiche m'avait interpelée puisqu'elle représentait les veines du corps humain et non ses flux énergétiques comme habituellement. - Tu as remarqué ce détail ? Et dire que l'on me disait que personne ne serait capable de faire la différence ! Cela dit, tu n'as pas franchi le pas de participer, il doit donc rester des ajustements à lui apporter pour que cette campagne de communication porte ses fruits..." Colombe réfléchit intensément. Elle a vu une autre affiche qui lui avait donné ce même sentiment... "C'est vous aussi les affiches "Quel est ce magnétisme qui guide tes pas ?", qui fleurissaient il y a quelques mois ? J'ai été attirée par le discours pas très catholique de cette affiche aussi. - Et bien non. Ces affiches ont également attisé notre curiosité. Nous avons pensé qu'un autre groupe semblable au notre avait été créé, mais nous n'avons pas réussi à trouver d'où ces affiches proviennent. - Incroyable ! Cela vaudrait vraiment le coup d'investiguer en profondeur. Vous im... tu imagines ? Des alliés ! - Nous manquons d'effectifs pour cette tâche en ce moment, mais si cela t'intéresse, cela pourrait être une éclatante entrée en matière ! Colombe fait une courte pause pour observer Gabin. Son sourire est sincère, sa jubilation transpire par tous ses pores. Elle peut presque entendre son pouls tambouriner dans ses tempes. Cette envie qu'il possède de la voire rejoindre leur rangs l'attire et pour autant lui fait se demander pourquoi. Quel peut être sa récompense ? Sera-t-il augmenté par son chef ? Aura-t-il une promotion ? Ou serait-il tout simplement heureux de travailler avec la petite-fille de Guévara ? Colombe profite de la retombée d'adrénaline causée par cette pause, et enchaîne : "J'ai une autre question. Comment est-ce que se passe ce travail en pratique ? Est-ce que vous travaillez sur votre temps libre ? Ou est-ce que vous travailler comme pour un emploi ? Comment est-ce que je peux espérer terminer mes études dans l'idée où je souhaite vous rejoindre ? - On essaye de s'adapter le plus possible aux besoins de nos membres. Pour la grande majorité, nous travaillons toute la semaine pour le groupe. Certains d'entre nous sont inscrits au Fond Solidaire, quelques autres ont une couverture, d'autres encore poursuivent leurs études avec un aménagement de leur scolarité lorsque cela est possible. - Si certains d'entre vous êtes au Fond Solidaire, j'imagine que ce travail n'est pas payé. - En effet, c'est du bénévolat. Nous essayons cependant de fournir de la nourriture et des vêtements aux plus démunis grâce à quelques alliances que nous avons su tisser avec quelques citoyens. Ce n'est pas le Nirvana, mais avoir le sentiment de faire évoluer la société, ça vaut bien quelques sacrifices, crois-moi ! - Depuis combien de temps est-tu au service des, euh, du groupe ? D'un sourire, Gabin confirme que c'est bien le mot à utiliser. "Cela fait bientôt 7 ans. J'ai été recruté alors que mon employeur venait de me licencier. Je ne connaissais pas l'existence du groupe, et les rencontrer a été un déclencheur incroyable. Je n'aimais pas beaucoup mon travail, cette opportunité tombait à pic et a donné un réel sens à ma vie. - En parlant d'entreprise, je souhaite tout de même te dire que j'ai prévu de passer un entretien pour un poste intéressant dans une grande entreprise qui me plait, en tout cas pour les informations que j'ai pu récolter jusque là. - Oh. Je vois. C'est un choix difficile à faire. Quand est prévu ton entretien ? - Mardi. - Si tu es d'accord, je pense pouvoir te proposer de rencontrer d'autres membres du groupe. Disons demain après-midi. Est-ce que cela te ferait envie ? - Ça pourrait être intéressant en effet, répond Colombe en tentant de cacher du mieux possible sa jubilation par un air détaché. - Je te ferai parvenir un message te donnant notre lieu de rendez-vous au plus tôt. Merci à toi pour tes questions, j'espère avoir pu y répondre d'une manière qui te convient. - Merci à toi d'avoir pris le temps de me donner toutes ces informations et ces détails. A demain, Gabin." Après avoir pris Colombe dans les bras comme une vieille connaissance, continuant son jeu d'apparence, Gabin saute sur son vélo d'un autre temps et part d'où il est venu à toute vitesse. Colombe quant à elle fait durer un peu le plaisir d'être dehors en ce frais soir de printemps.

Round 17/36 écrit le jeudi 3 mars 2016

1420 mots | 8926 signes | 13:34:14

(modification de la fin du round précédent)

¬ Si tu me suis, je pense pouvoir te proposer de rencontrer d'autres membres du groupe. Est-ce que cela te ferait envie ? ¬ Ça pourrait être intéressant en effet, répond Colombe en tentant de cacher du mieux possible sa jubilation par un air détaché. ¬ Monte sur mon porte-bagage, je t'emmène au Rendez-vous des Artistes ! ¬ Où ça ?" Gabin montre de la main la planche qui surplombe la roue arrière de son vélo. "Pose tes pieds sur les tiges de métal qui dépassent de l'axe de la roue arrière, et accroche toi à ma taille. Et n'oublie pas ce châle pour qu'on ne te reconnaisse pas". Sans poser plus de questions, Colombe enjambe le porte bagage et chevauche ce vélo avant autant de naturel que si elle n'avait voyagé que de cette façon.

Gabin roule vite, le vent relatif frappe les joues de Colombe qui est étonné de ressentir autant de froid. Elle n'a que rarement roulé à cette vitesse, ses quelques excursions à cheval lorsqu'elle était enfant lui demandaient tellement de concentration qu'elle ne s'était jamais rendue compte de ce phénomène. Quelques 15 minutes plus tard, après avoir traversé plusieurs grands axes d'Aucham, Gabin s'arrête dans l'arrière cour d'un bâtiment qui ressemble à une auberge, avec ses tables en bois dans la cour entre deux rangées de framboisiers. Il allonge son vélo au sol, caché par les hautes herbes qui bordent le mur externe de cette bâtisse en briques, s'approche de la porte vitrée et fait signe à un autre homme à l'intérieur. Lorsque la porte s'ouvre, Gabin se tourne vers Colombe et l'invite à entrer : "Après toi, chère invitée !".

La pièce du rez de chaussée ne laisse aucun doute, c'est bien une ancienne auberge. Un comptoir en bois surmonté d'une plaque de zinc s'étend le long du mur à gauche de la porte qui vient de se refermer sur leur passage. Quelques tables en bois, de 4 à 8 places, sont disposées sans logique à l'intérieur de la pièce éclairée par des bougies aux murs. Des fenêtre de verre dépoli donnent sur la route, bordées de larges rideaux en velours rouge, semblant dater d'un autre siècle. Sur une banquette sous ces fenêtre se tiennent 2 hommes et une femme. L'un d'eux semble à peine plus âgé que Colombe dans son pantalon en toile noire trop large pour lui et une chemise en flanelle tirant sur le fushia. Les deux autres approchent la soixantaine, l'homme est vouté et la femme est ridée. Cependant les sourires qu'ils adressent chacun à Colombe éclairent leur visage autant que le Soleil du mois d'août.

"Bonjour à vous. Je suis Colombe Viannay" ose lancer Colombe pour rompre le silence. "Bonjour Colombe, nous sommes heureux de t'accueillir parmi nous. répondit le jeune homme. Gabin s'empresse de le corriger : "Colombe souhaite pour le moment obtenir des réponses à ses questions. Elle n'a pas encore accepté de nous rejoindre." Colombe lit la déception dans chacun des regards posé sur elle, néanmoins l'homme le plus âgé arbore un sourire qui semble à Colombe être de connivence sans qu'elle ne sache réellement pourquoi. " Je propose que nous commencions par nous présenter à notre invitée" commence-t-il. "Colombe, il faut que tu saches que nous avons accepté de te montrer nos visages, mais nous ne pourrons pas dévoiler nos noms, tu comprendras aisément pourquoi." Après avoir vérifié que Colombe était en accord avec ce fait, il se tourne vers le plus jeune et l'invite à commencer. "Je suis le nouveau technicien du groupe que j'ai rejoins il y a huit mois. Je suis en charge de mettre au point des prototypes techniques pour confirmer ma compréhension de la science. Je viens de commencer à formaliser mes recherches dans un premier manuscrit, après m'être nourri des recherches de mon aîné. - Quel est ton but réel dans cette organisation ? - Je suis en charge de définir quels savoirs sont suffisamment sûrs pour pouvoir être enseignés aux Curieux." Le haussement de sourcils de Colombe l'invite à préciser. "Les Curieux sont les citoyens qui se posent des questions sur leur vie, voire qui remettent en cause les règles naturalistes de notre société. Ce sont eux que nous souhaitons cibler en premier afin qu'ils puissent avoir accès à la connaissance que les Naturalistes nous ont retiré il y a de longues décennies déjà. - Quelles disciplines connais-tu ? - J'ai toujours aimé les mathématiques mais cela reste très théorique. En ce moment mes prototypes portent sur l'électronique. - Cela signifie que tu manies des transistor alors ?" Le jeune homme hoche la tête. "Vous enfreignez donc bien la loi... - Tu l'as aussi enfreinte à de maintes reprises je suis sûr, poursuit-il d'un air vexé. Un sourire au coin des lèvres, Colombe ajoute "Bien évidemment, mais je n'avais pas forcément conscience que vous risquiez la prison à vie en vous associant à de tels actes. - On ne sauve pas le monde depuis son canapé, malheureusement" rougit le jeune homme. La femme prend alors la parole : "Cela fait plus de 30 ans que je fais partie de notre groupe. Je suis la doyenne. Nous avons toujours été soumis à la loi naturaliste. Elle évolue rapidement, est c'est justement mon rôle de l'étudier et de définir les risques que nous pouvons prendre. En l'occurrence, il est fondamental pour nous de compiler l'ensemble des savoirs que nous souhaitons transmettre. C'est le coeur de notre action, et par conséquent l'un des rares domaines dans lesquels nous enfreignons réellement des lois." La femme, dans son pantalon chic et sa veste cintrée, laisse quelques secondes à Colombe. Elle précise ensuite : "Si tu n'es pas certaine de vouloir t'engager dans des voix à la limites de la légalité, réfléchis bien. Nous ne pourront t'apporter aucune sécurité supplémentaire." Colombe a reçu la confirmation qu'elle attendait. Oui, le chemin auprès des Incroyants sera risqué, mais ils ont la franchise de présenter en toute honnêteté les risques de leur combat à quelqu'un qui n'a pas encore signé. Ils lui laissent l'opportunité de ne pas les rejoindre si c'est ce qu'elle souhaite. Colombe n'a que très rarement vu tant d'assertivité dans un discours autour d'elle, si on omet son grand-père et ses parents bien sûr. Elle sourit à ces souvenirs de sa famille auprès desquels elle s'est toujours sentie en sécurité alors qu'eux-même n'appliquent pas les préceptes naturalistes et auraient également pu être emprisonnés. Ce sourire n'a pas échappé à Gabin qui comprend que Colombe vient de faire son choix. Colombe poursuit tout le même : "Je reste tout de même inquiète quant à la poursuite de mes études ou si je décide de me lancer dans le monde professionnel." A ces mots, l'homme vouté qui ne s'était pas encore exprimé lance : "Fais-tu allusion à notre offre d'emploi, Colombe ?" "Notre offre d'emploi ?", répète intérieurement Colombe sous le choc. "Et à l'entretien que nous avons planifié pour mardi prochain ?" poursuit l'homme, un sourire aux lèvres. "Oh... Ce n'était donc pas ma réussite aux examens de biocosmétique qui vous a intéressé." réalise Colombe dépitée. Face à cette réaction à laquelle l'homme ne s'attendait pas, il tente de se rattraper "Bien sûr que si Colombe ! Nous ne t'aurions pas proposé une telle offre si tu n'avais pas eu le niveau requis pour nous rejoindre. D'ailleurs, ne pense pas que la société soit aux mains du groupe, seul le département de recherche mène des expériences à la marge du reste du groupe." Dubitative, Colombe ne répond pas. "Il se trouve que nous avons pensé que te proposer un nouveau poste te permettrait de mettre la fin de ton année d'étude entre parenthèse avec facilité, tout en t'offrant les honneurs. Personne n'oserait mettre en doute Soins & Extase, nous sommes une marque tellement reconnue aujourd'hui, ni notre choix, tu es réellement excellente dans ce domaine. C'est la couverture parfaite pour toi !" Colombe, une fois son premier sentiment de déception passé, réalise qu'en effet. C'est une stratégie sans faille. Elle pourra s'éclipser de l'université, donner une raison réelle et tangible aux professeurs, élèves, voisins, famille, ... et tout cela sans élever le moindre soupçon. " Vous me semblez en effet avoir pensé à tout. Tellement que je me demande pourquoi vous souhaitez tant que je vous rejoigne !" lance-t-elle avec une pointe d'ironie. "Tu le découvriras dès que tu auras décidé de nous rejoindre !" répondit Gabin, un sourire de satisfaction aux lèvres. L'homme vouté reprend la parole : "Si cela te convient, nous discuterons de ton contrat mardi. Prépare tes affaires, je te ferai visiter tes nouveaux appartements." D'un sourire radieux, Colombe signe un accord tacite avec Philomène Ledoyen et ainsi avec les Incroyants.

Round 18/36 écrit le vendredi 4 mars 2016

481 mots | 2889 signes | 13:34:14

Ce jeudi a été bien étonnant pour Toussaint Carnais, à tel point qu'il lui a fallu faire un détour de plusieurs minutes de marche depuis l'université pour analyser finement ce qu'il vient de se passer. Il passe la porte de chez lui, et salue sa fratrie. "Papa, Maman, mes très chères soeurs, j'ai le plaisir et l'honneur de vous annoncer que Colombe vient de me faire une déclaration d'amour !" Son père, assis dans le fauteuil dans le fond de la grande pièce à vivre, lève les yeux vers Toussaint, surpris. "Colombe, Colombe Viannay ? La petite fille du créateur des Incroyants ? - Elle-même ! répond Toussaint, un sourire vainqueur aux lèvres. La plus jeune soeur de Toussaint, de 7 ans sa cadette, s'exclame : "Toussaint a une amoureuse ! Est-ce qu'elle est belle au moins ? - Là n'est pas la question, petite. C'est une Incroyante, tu te souviens ? Ces personnes qui n'ont aucune morale et qui veulent renverser le gouvernement. Ces personnes qui n'iront jamais au Paradis car elles n'auront jamais le pardon de notre Seigneur." La jeune fille de 13 ans semble ne pas complètement comprendre ce que lui explique son grand frère. "Ces personnes n'ont pas d'âme, Christiane. Tout ce qui les approche est irrémédiablement tâché. - Je t'avais dit de ne pas t'approcher d'elle, lance alors avec violence le père de Toussaint à l'égard de son fils. - C'est bien ce que je fais, Père. Mais il faut croire qu'elle trouve cela attirant. Ou alors c'est mon charisme qui joue en ma défaveur..." La mère de Toussaint, qui a écouté la scène en silence depuis la cuisine attenante, pénètre alors dans la pièce : "Mon chéri, que vas-tu faire alors ? - Rien de spécial je pense. Elle ne mérite pas que je gaspille de l'énergie à lui faire part de mon mépris. Au vu du regard qu'elle m'a lancé avant de partir précipitamment de l'université, je pense qu'elle a très bien compris que ce n'était pas réciproque. - Très bien mon fils. La prochaine fois, tente de séduire une jeune femme qui pourra tenir correctement un foyer plutôt. D'ailleurs le repas est prêt, suivez moi" poursuit Mme Carnais.


Juste avant que Toussaint ne quitte sa demeure le lendemain matin, il prévient son père qu'il rentrera probablement tard. "Je dois me rendre à une réunion privée avec mes amis" annonce-t-il en soulignant le mot amis. - Aucun problème puisque c'est pour la bonne cause. Nous nous coucherons tôt ce soir, je te dis donc à demain matin." Sous le regard approbateur de M. Carnais, Toussaint ferme la porte derrière lui et se dirige vers l'université pour son dernier jour de la semaine. Il a le coeur plus léger que la veille au soir : il a déjà oublié la scène de la veille. Sur le chemin de l'université, il finit de préparer mentalement son exposé de Sociologie qui compte pour un gros coefficient dans sa formation.

Round 19/36 écrit le vendredi 4 mars 2016

502 mots | 3070 signes | 13:34:14

Il est 11h30, Toussaint vient de sortir de son cours de Sociologie lors duquel il a présenté son exposé, tout comme 3 autres de ses camarades. Pour se détendre, Toussaint propose à sa classe d'aller boire un jus frais au bar de l'Université, situé non loin du réfectoire. Les 16 étudiants du groupe prennent place autour de quelques tables basses dans de confortable fauteuils en osier couverts de coussins de toutes formes et de toutes couleurs. Le serveur s'approche d'eux et prend leurs commandes, toutes à base de rhubarbe, carotte, ou épinard qui sont les fruits et légumes du moment. Toussaint se tourne vers sa camarade qui a fait un exposé sur le féminisme des années 2000 et lui demande si elle pense que les choses ont changé depuis cette date. "Oh oui, c'est certain. Aujourd'hui la femme est réellement l'égale de l'homme. A l'époque il y avait vraiment de gros écarts de salaire et de traitement, mais aujourd'hui, nous pouvons toutes exercer le métier qu'il nous plait. C'est une des principales avancées sociétales pour lesquelles nos parents et grands-parents ont œuvré. - Il faut aussi dire que depuis que nous travaillons 20h par semaine et non plus 40 comme à l'époque, cela nous permet qu'il y ait toujours un parent pour s'occuper de ses enfants, complète un autre jeune homme. - C'est vrai que la famille ne s'est jamais aussi bien portée, confirme Toussaint. - La pratique du yoga et de la sophrologie à grande échelle dans la population permet aussi d'apaiser bon nombre de tensions. En 2000, les femmes devaient travailler beaucoup et dur pour obtenir de la reconnaissance, elles étaient très stressées et se sentaient en permanence agressées. Beaucoup d'entre elles se pensaient victimes de sexisme alors que ce n'était pas le cas. Heureusement, aujourd'hui nous y voyons beaucoup plus clair et nous constatons que le sexisme a disparu, poursuis la jeune femme. Pour préparer cet exposé, j'ai fait l'exercice ces 10 derniers jours de constater autour de moi les scènes qu'on aurait pu penser sexistes au début du siècle. Et bien ne n'en ai pas trouvé une seule ! La preuve est faite. - Tu ne peux pas te baser seulement sur ton observation pour conclure aussi facilement, précise Toussaint. Il faudrait d'autres analyses plus poussées. - Oui bien sûr, Toussaint. Tu as raison. Tu ne crois donc pas que le sexisme a disparu ? - Si, bien sûr que si. Mais je sais aussi que beaucoup de femmes étaient heureuses de s'occuper de leur famille et de leur maison pendant que leur maris partaient travailler. Je ne vois pas pourquoi on a obligé les femmes à devenir des hommes et à travailler. Mais force est de constater que tu sembles épanouie aujourd'hui." L'étudiante sourit à ce charmant Toussaint, la bouche en coeur et le regard langoureux. "D'ailleurs, j'ai vraiment beaucoup aimé cet exposé, tu devrais faire de la sociologie ton métier !" Gênée, elle rougit, glousse puis se tourne vers sa voisine de droite pour lui demander l'heure à laquelle elle souhaite manger ce midi.

Round 20/36 écrit le samedi 5 mars 2016

426 mots | 2602 signes | 13:34:14

Il est maintenant 18h50, Toussaint se dirige vers l'enceinte de la Grande Parapharmacie, située tout près de la Place Principale d'Aucham, dans le 2è arrondissement. La Grande Parapharmacie est l'un des rares anciens bâtiments de la ville, ceux qui n'ont pas été détruits par les révoltes Naturalistes entre 2015 et 2019, et est entourée d'un mur de plus de 3m de haut, en béton brut. La couleur grise de se bâtiment tranche avec les maisons cossues du quartier, pour la majorité construites de pierre de Massangis, une pierre calcaire d'un ton beige clair tirant sur le jaune, le plus souvent agrémentées de statues de marbre devant leur entrée. Toussaint s'approche de la parapharmacie, en fait le tour par la droite, puis s'engage sur un petit chemin qui serpente entre deux maisons à 2 étages. Il arrive devant une cabane de jardin d'une dizaine de mètre carrés, tout au plus, et en ouvre la porte avec assurance, tout comme s'il en était le propriétaire et qu'il devait récupérer son arrosoir à l'intérieur. Une fois à l'intérieur, il prend soin de fermer la porte derrière lui, se dirige sur sa droite et se baisse pour agripper un anneau solidaire de la trappe qui se trouve en dessous. En silence, il soulève les 10 kilos de métal qui forment cette trappe, et descend l'escalier qui est apparu devant lui. En sous-sol, une pièce d'une cinquantaine de mètre carrés semble avoir été creusée dans la roche. Des chaises en noyer à assise de paille sont alignées face à un petit promontoire. Une dizaine de personnes sont déjà présentes, de tous âges et de toutes origines sociales. Toussaint les salue une par une en passant devant eux pour rejoindre le premier rang et s'assoir près d'un autre jeune homme. Yannis a 20 ans, il est né quelques jours seulement après Toussaint et ses parents demeurent tout près des siens dans le 4è arrondissement. Ils se connaissent donc depuis leur plus tendre enfance et ont partagé de nombreux bons moments. "Bonsoir Yannis, tu es en avance aujourd'hui. Comment s'est passée ta semaine ?" Pendant que Yannis lui décrit sa semaine mouvementée, il étudie la politique à l'université, une vingtaine d'autre personnes se joignent à eux au compte goutte. Lorsque un quinquagénaire en longue robe noir, crâne rasé et visage glabre, monte sur la scène, se place face à ses auditeurs et pose sa main sur son coeur, tous se lèvent et chantent en choeur : "Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, Ego hodie genui te. Hayya ala salahati. Hayya ala al-Falah Dzog-Dèn Sar-Tou Tchar-oué Ta-Shi Sho ."

Round 21/36 écrit le samedi 5 mars 2016

431 mots | 2508 signes | 13:34:14

D'un seul homme, ils se rassirent ensuite. L'homme en noir poursuit son discours en français : "Ô toi, Guide, amène nous vers la lumière. Amène nous vers le Nirvana. Entoure nous de ta grandeur et de ta bonté, et aide nous à garder patience face à ceux qui t'ont oublié. Nous savons qu'il font fausse route, que sans toi la Vie n'a pas de sens, ô Guide aide nous à les ramener dans le droit chemin".

A l'issue des 30 minutes de partage collectif de mots encourageants emplis de foi et d'espoir, les participants de cette réunion secrète se rassemblent à la l'arrière de la salle et prennent place autour d'une grande table entourée par de sobres bancs de bois. Une femme sort d'une petite porte qui était jusqu'alors masquée par un rideau près de la scène, un plat entre les mains. Toussaint la dévisage, c'est la première fois qu'il la voit ici depuis 2 ans qu'il participe. Elle est mince, brune, les lèvres fines et un regard qui lui semble éteint. Elle pose le plat de poisson et pommes de terre au centre de la table et commence à faire le service. Yannis se tourne vers Toussaint et lui murmure : "Elle me semble bien bonne la nouvelle ! Sais-tu qui c'est ?" Amusé, Toussaint lui lance un regard désapprobateur tout en lui faisant part de son ignorance. Ils étudient alors les autres convives et remarquent que tout le monde semble se poser la même question alors qu'ils dégustent ce bon repas.

Une fois le repas terminé, les participants les plus âgés sortent petit à petit de leur lieu de rencontre secret. Les plus jeunes profitent de ce moment de tranquillité pour se retrouver et parler de tout et de rien. Toussaint et Yannis se sentent très proches de ces jeunes et n'hésitent pas à lancer des débats avec eux pour affiner leurs analyse ou leur Foi. Certains sont à l'université également mais lorsqu'ils se croisent sur le campus, ils ne se connaissent pas. Toussaint connait beaucoup de monde et aime se faire de nouvelles connaissances au gré de ses nombreuses activités. Il sait qu'il ne devra jamais montrer qu'il connait ses personnes. Leurs activités sont bien trop peu admises par la société pour qu'il puisse en parler ouvertement. Lorsque arrive l'heure de partir, Toussaint prend soin de laisser au moins 200m d'écart entre Yannis et lui sur le chemin du retour afin d'éviter tout soupçon. Dès qu'il franchit la porte de sa chambre, il soupire un bon coup et s'assoit dans son fauteuil pour se délasser de sa longue journée.

Round 22/36 écrit le dimanche 6 mars 2016

669 mots | 4182 signes | 13:34:14

Après une bonne nuit de sommeil, il n'est pas de ceux qui ont le sommeil léger ou agité, Toussaint retrouve ses parents pour un frugal petit déjeuner. "M. Bahou t'attend pour 10h30 chez lui, Toussaint, et non pas à 10h comme les précédents weekend. Sa fille est malade, et il devait l'emmener chez le guérisseur tôt. Il a placé un écriteau devant son portillon pour prévenir ses clients." lui annonce M. Carnais. "Très bien père. Je vais en profiter pour entretenir un peu notre jardin qui semble presque à l'abandon. - Tu as raison, ta mère n'a pas vraiment le temps de lui donner une allure convenable pour ce quartier. - Il ne faudrait en effet pas que l'on soit soupçonnés d'irrespect envers L’État, lance avec sarcasme Toussaint. - Tu as tout à fait raison, allez file !" répond son père, le plus sérieusement du monde. Après avoir arraché quelques mauvaises herbes et attaché les plants de tomates devenus trop haut à leur tuteur, Toussaint se dirige chez monsieur Bahou. Cet homme de quarante ans a un grand potager autour de sa maison. Il est un très bon cultivateur et a toujours beaucoup trop de légumes pour ne nourrir que sa famille. La famille Carnais n'est pas passionnée par le jardinage et la culture, ainsi pour se nourrir de bons légumes de saison Toussaint aide leur voisin à vendre ses légumes le weekend. Toussaint a un très bon réseau et connait beaucoup de familles du quartier. Il apporte de nombreux clients à monsieur Bahou, et a une fibre commerciale dont il sait tirer parti. Il profite de cette position centrale pour demander des nouvelles de tous et confirmer quelques rumeurs directement à la source tout en paraissant sincèrement intéressé par les problèmes des personnes qu'il croise. Comme à son habitude, monsieur Bahou salue Toussaint chaleureusement à son arrivée. "Aujourd'hui nous avons principalement des épinards à vendre et quelques rhubarbes. J'ai préparé quelques bocaux pour que ta famille et toi puissiez les garder quelques semaines. - Oh, merci monsieur Bahou. Ma mère adore vos épinards, vous le savez. Elle viendra sûrement vous remercier." Quelques heures plus tard, deux femmes discutent en s'approchant de l'étal de monsieur Bahou, qui est étendu sur toute la largeur de son terrain, soit 10 m environ, à quelques mètres derrière son portillon d'entrée en bois resté ouvert. Toussaint n'a pas besoin de tendre l'oreille pour entendre que l'une d'entre elle est en colère : "Tu te rends compte ? Une entreprise aussi connue, dans laquelle il fait si bon travailler et qui offre un statut incroyable à ses employés qui refuse d'embaucher mon fils ?" L'autre femme lui répond sur un ton compatissant "Tout le monde sait que les enfants Daumont ont tous fait de longues et brillantes études. Pourquoi ton dernier n'aurait-il pas la possibilité de rejoindre Soins et Extase ? Tu as bien raison, c'est incompréhensible." Toussaint attend avec patience qu'elles aient fini de s'épancher puis leur annonce : "Mesdames, nous avons aujourd'hui une belle récolte d'épinards frais et robustes. Est-ce qu'ils vous tentent ?" Sur le chemin du retour, à la fin de sa journée de travail, Toussaint réalise qu'il a beaucoup entendu parler de Soins et Extase aujourd'hui. Il ne sait pas bien ce que fait cette entreprise, à part les soins pour la peau qu'utilise sa mère, mais il sait que c'est une jeune entreprise qui engrange beaucoup de bénéfices et qui pourtant est très appréciée du grand public. Ils recrutent principalement des petits génies qu'ils choient tout particulièrement. Ils ont par exemple des chats en liberté dans leurs bâtiments. Les employés jouent parfois avec eux pour se reposer, ou les caressent quand ils travaillent. Il parait que cela améliore leur productivité et leur bien être. Depuis, d'autres entreprises ont appliqué cette méthode, mais cela ne suffit évidemment pas à motiver de potentiels candidats. Toussaint lui préfère les chiens. Ils sont fidèles et on peut sans aucun doute leur faire confiance, alors qu'un chat est très égoïste et peut tout à fait jouer de mauvais coûts même à ses maitres.

Round 23/36 écrit le lundi 7 mars 2016

561 mots | 3436 signes | 13:34:14

Dimanche soir, après avoir aidé monsieur Bahou à ranger son étal, Toussaint décide de rendre visite à son prédicateur, l'homme à la tête rasé. Une fois arrivé devant chez lui, l'homme habite dans le 5è arrondissement, Toussaint vérifie si personne ne l'observe et se décide à pénétrer rapidement dans le jardin pour se diriger aussi vite que possible vers sa porte. Il frappe avec aplomb, et en quelques secondes le judas s'ouvre. Dès que l'homme réalise que c'est un Concilié qui se tient devant sa porte, il l'ouvre grand et le fait entrer en vitesse : "Que fais-tu ici mon garçon ? J'espère que tu n'as pas été suivi ! - J'ai fait très attention que non, mon Indicateur, rassurez-vous. Si je viens vous importuner ce soir, c'est pour vous demander une faveur. - Je t'écoute, que puis-je pour toi ? Dois-je te confesser ? - Oh non, au contraire. Nous sommes plusieurs jeunes conciliés à souhaiter pouvoir nous rencontrer en toute sécurité dans la Tanière dans la semaine. Serait-il possible que nous puissions profiter de ce lieu ? - J'ai peur que plus de fréquentation de ce lieu n'inspire la méfiance des voisins. De plus, je suis le seul à en posséder la clef, et je ne tiens pas à ce que toi ou tes camarades reveniez frapper à ma porte une seconde fois." Toussaint, ennuyé que l'Indicateur refuse de leur donner accès à la Tanière, décide de lui expliciter le but de ces rencontres. "Nous ne souhaitons évidemment pas nous retrouver pour nous battre ou jouer à quelque jeu à boire, mon Indicateur. Nous avons envisagé de... créer un autre groupe. Un groupe complémentaire, formés des jeunes les plus prometteurs, les plus dévoués, dans le but de porter la bonne parole." L'Indicateur semble étonné et intrigué, fait signe à Toussaint de poursuivre. "Vendredi soir, après la réunion, nous avons eu une vision commune dans la Tanière. Il nous est apparu que nous ne pouvions plus considérer que les Conciliés devraient vivre cachés des Naturalistes. Nous connaissons la Vérité, et les Naturalistes en ont été détourné par le culte de la Nature et non de notre Guide. Ils ne seront réellement heureux que lorsqu'ils réaliseront que ce n'est pas la nature qui guide leur pas, mais notre Guide qui l'a créée telle qu'elle est, inspirante et source d'abondance. - Votre aventure est très risquée. Mais si l'illumination vous est apparue alors que vous étiez dans la Tanière, cela signifie bien que c'est une volonté de notre Guide. J'aimerais cependant que vous preniez bien soin de ne pas nous mettre en danger. Si nous sommes découverts, nous risquons tous la prison à vie, et tu le sais bien. Je ne peux pas vous laisser utiliser la Tanière pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure, par contre je connais un autre lieu qui pourrait vos accueillir et dans lequel il semblera naturel que des jeunes se retrouvent. Il s'agit du Taudis. un abri de fortune situé dans la Misère, non loin du Puits sans Fond. Elle est suffisamment éloignée des routes pour que vous puissiez parler sans vous faire entendre, et suffisamment connue pour que personne ne puisse imaginer que des évènements contraires aux mœurs naturalistes s'y déroulent." Toussaint convient que c'est en effet un endroit parfait pour leurs rencontres puis remercie longuement l'Indicateur avant de quitter sa demeure avec toute la discrétion dont il était capable.

Round 24/36 écrit le mardi 8 mars 2016

610 mots | 3775 signes | 13:34:14

Les règles des Conciliés sont très strictes en ce qui concerne les liens entre les membres hors de la Tanière, et Toussaint tiens à les respecter. Il aimerait tellement organiser la première rencontre avec ses jeunes camarades cette semaine, mais il sait qu'il devra attendre la prochaine réunion de vendredi, et ne rassembler que les élus, avant de pouvoir leur annoncer cette excellente nouvelle. Toussaint constate que l'évocation de la vision commune est ce qui a fait changer d'avis l'Indicateur, alors qu'il était clairement opposé à cette idée. Quand il présentera cette nouvelle organisation aux autres Conciliés, dès que ses buts précis seront mis au clair, il faudra qu'il pense à relater cette vision, voire à faire parler un des présent pour qu'il relate ce qu'il a vu, Toussaint n'étant finalement pas le mieux placé pour relater sa transe.


La semaine de Toussaint s'est écoulée très lentement, nous sommes vendredi matin et Toussaint sort de son lit déjà très excité par la soirée qui l'attend. Après avoir partagé son petit déjeuner avec ses soeurs et sa mère, il leur souhaite une bonne journée. Toussaint n'a pas souhaiter parler de ces évènements à sa famille, il sait que ses parents ne partageraient pas sa vision de l'avenir des Conciliés et tenteraient de le décourager. A son arrivée sur le campus de l'université, Toussaint passe remplir sa gourde à la source, point de rencontre pour la majorité des étudiants avant le début des cours, et aperçoit Colombe à quelques mètres. Elle semble perdue dans ses pensées. Cette attitude est assez fréquente chez Colombe, mais aujourd'hui il lui semble qu'elle est confrontée à un dilemme moral. Toussaint aime poser des dilemmes à ses camarades et aime encore plus les observer dans leurs réflexions silencieuse pour savoir où ils en sont de leur réflexion. Toussaint observe donc discrètement Colombe pendant plusieurs minutes et constate qu'elle est en effet perdue dans une boucle sans fin. Toussaint finit par se mettre en marche pour son cours de Sociologie en se demandant quel peut bien être cette réflexion qui obsède les pensées de Colombe. Bien rapidement, les exposés de ses camarades accaparent tout son esprit, il ne pense plus ni à Colombe ni à sa réunion du soir.


Toussaint prend place à coté de Yannis, au premier rang toujours. En attendant l'arrivée de l'Indicateur, il lui glisse quelques mots : "J'ai une excellente nouvelle pour vous, les élus, toute à l'heure. Il faudra que tu m'aides à écarter les indésirables pour que je puisse vous en parler." Yannis saisit immédiatement que Toussaint mentionne les personnes présentes pendant la vision de la semaine dernière. Il n'a pas arrêté d'y penser lui aussi. Que cette règle des Conciliés est bête, il a aperçu Toussaint plusieurs fois à l'université cette semaine, mais il a n'a pas osé s'approcher de lui pour lui poser toutes ses questions. "Toussaint, est-ce que tu as compris qui nous parlait pensant cette vision ? Je n'arrive pas à croire que ce soit réellement notre Guide. Qu'as-tu ressenti à ce moment là ? As-tu été remplit par une force immense ?" Toussaint l'interrompt : "Je répondrai à vos questions tout à l'heure, s'il te plait, baisse le son de ta voix ! - Mais il faut bien que tous les Conciliés soient mis au courant de ce miracle ! - Bien sûr, mais pas maintenant. Tu sais aussi bien que moi que la forme est tout autant importante que le fond, si ce n'est plus, lorsque l'on souhaite faire passer un message important. Et celui-ci est d'une importance majeure !" Yannis, un peu confus de son emportement acquiesce sans un bruit. C'est ce moment que choisit l'Indicateur pour monter sur la scène.

Round 25/36 écrit le mercredi 9 mars 2016

476 mots | 2861 signes | 13:34:14

Une fois tout le monde parti de la Tanière, à l'exception des jeunes, Toussaint remarque que 2 des présents la semaine précédente ont déjà quitté les lieux. Quelques jeunes autour de lui semblent captivés par ses moindres gestes, d'autres effrayés et d'autres simplement rassurés. Toussaint sait quelle est la question qui leur brûle les lèvres, Yannis lui a permis de la confirmer un peu plus tôt. "Mes frères, j'ai une excellente nouvelle pour vous. J'ai parlé à notre Indicateur de la vision dont j'ai été l'hôte la semaine dernière. Je n'ai pas dit précisément ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas qu'il se sente en danger, ou en concurrence, d'une quelconque manière. Et grâce à lui, nous avons un lieu pour nous retrouver et commencer à réaliser la mission qui nous incombe. - Es-tu certain que c'est sans risques ? - Je ne sais pas le dire, Claudine, mais si notre Guide nous donne cette direction, nous devons la suivre quels qu'en soient les dangers, répond Toussaint à cette jeune femme de 25 ans, avec de longs cheveux bruns et bouclés, assez chétive. Son visage se transforme alors pour marquer sa détermination : "Nous ne savons pas les dangers que nous rencontrerons, mais tu as raison, si nous devons les combattre, nous les combattrons." Une autre voix s'élève : "Qu'as-tu ressenti pendant cette vision, Toussaint ? - Je me sentais à la fois brûlant et glacé, assommé et clairvoyant. Le Guide n'a pas pris possession de mon corps : j'ai entendu ses mots dans ma tête et j'ai accepté de les prononcer à haute voix. C'était un choix et non une contrainte. Ce choix de faire de nous les élus de notre peuple pour enfin répandre la Vérité dans notre belle ville d'Aucham." Yannis prend ensuite la parole : "Où est ce lieu de rendez-vous ? Comment et quand pourrons nous nous y rendre ? - Il s'agit d'un abris précaire mais qui sera parfait pour notre petit groupe, situé dans la Misère, près du Puits dans Fond. Une cabane à la fois visible et inaudible. C'est précisément ce qu'il nous faut pour que nous puissions élaborer notre feuille de marche mais aussi accueillir des invités de temps à autre. - Un don du ciel, cette cabane ! s'exclame Claudine, suivie par ses camarades qui demeuraient jusqu'alors réticents. - Je vous propose que nous nous y retrouvions les mardi soirs vers 19h pour des séances spéciales. Je vous propose que nous les nommions Conciliabules. Apportez chacun de quoi manger, nous partagerons notre repas." Les discussions vont bon train entre les participants, mais très peu d'entre eux osent adresser la parole à Toussaint de qui émane une aura plus forte que celle de son charisme habituel. Seul Yannis ne cesse de le féliciter et de lui dire que il a toute sa confiance et qu'il sera présent pour l'épauler dans cette difficile aventure.

Round 26/36 écrit le jeudi 10 mars 2016

1035 mots | 6347 signes | 13:34:14

Colombe patiente dans le hall de S&E après avoir été annoncée à Philomène Ledoyen. Afin de calmer son anxiété, elle observe les différents types de personnes qui travaillent ici. Les plus aisé à reconnaitre sont les commerciaux. Ils et elles sont tous bien maquillés d'un maquillage léger mais présent. Ils sont habillés de manière formelle, pantalons droits et chemises de coton, comme il se doit dans les entreprises aujourd'hui. Les employé de S&E portent cependant quelques touches de couleurs vives qui varient selon les goûts de chacun : une pochette turquoise dans la poche de la chemise, une ceinture de tissus vert anis sur un pantalon vert feuille, une teinture de cheveux indigo, ... De quoi mettre en avant la rigueur de l'entreprise mais aussi son côté novateur et jeune. Les chercheurs sont la deuxième typologie d'employés que Colombe a eu facilité à reconnaitre. Ils sont pour la majorité habillés avec des vêtements de sport : des pantalons larges en tissus élastique qu sont principalement utilisés pour la musculation, ou des pantalons très près du corps comme ceux que l'on utilise pour les différents types de yoga. Parfois, certains chercheur affichent des T-shirt imprimés avec des feuilles ou des minéraux que l'on voyait il y a une trentaine d'années. Un retour au sources pour ces chercheurs qui ont en général la quarantaine et qui chérissent ce côté rétro comme un retour à leur bien-être d'enfant. Tous les chercheurs ne sont pas maquillés ou parfumés, mais la grande majorité d'entre eux prend soin de son apparence et aucun d'entre eux ne semble négligé. Colombe confirme alors qu'elle a fait le bon choix de se maquiller ce matin. Elle n'a posé que des lignes de crayon noir au dessus, en dessous et à l'extrémité de ses yeux, affichant ainsi un léger tracé de style égyptien sur ces tempes. Elle a aussi décidé de porter du mascara violet, de la même couleur que sa chemise, et un parfum de S&E que lui a offert sa mère à Noël dernier. Lorsque Philomène arrive dans le hall d'accueil et demande à notre jeune femme un peu tendu de bien vouloir le suivre. Colombe est prise d'un doute aussi soudain qu'affreux. Et si finalement Philomène lui disait qu'elle n'était pas assez qualifiée pour travailler avec eux ? Que les Incroyants se sont trompés et qu'ils souhaitent en faire recruter une autre Colombe ? Qu'il serait plus sage qu'elle termine ses études et qu'elle devienne mère au foyer, ou pire, professeur ? Dans les escaliers pour accéder au 2ème étage, Philomène réalise que Colombe n'est pas au meilleur de sa forme : "Nous arrivons bientôt au deuxième étage, mademoiselle, l'étage dans lequel travaillent les chercheurs de notre entreprise. Je vous montrerai mon bureau et vous présenterai les personnes avec qui je travaille au quotidien, avant de vous inviter dans la salle d'entretien." A l'écoute de cette intonation bienveillante, la même que dans l'ancienne auberge où ils se trouvaient tous les deux quelques jours auparavant, Colombe se rassure un petit peu, et remercie Philomène pour cette visite. Une fois entrés, dans la salle d'entretien, une femme leur apporte des jus de fruits frais et leur souhaite un bon entretien à tous les deux. Après avoir fini son verre, Colombe prend une grande inspiration et annonce à Philomène qu'elle a apporté on curriculum. Celui-ci s'en saisit et le parcourt de yeux. Il regarde Colombe, et lui demande si elle est sûre d'elle. Étonnée de ne pas avoir à réaliser un entretien standard, elle répond " Oh oui, je suis certaine, mais ne devons-nous pas réaliser un entretien en bonne et due forme ? - Tu l'as passé avec brio vendredi dernier, Colombe. J'ai déjà rédigé ton contrat, 22 pages écrites à la main par mes soins. J'attendrai 2 jours avant de l'apporter aux ressources humaines pour que l'on ne devine pas que ma décision était prise avant de te rencontrer, mais sache que tu fais d'ores et déjà partie de la maison. Bienvenue chez Soins & Extase ! Tu seras en charge de travailler sur un nouveau prototype de crème, qui a pour but de limiter les effet du soleil sur la peau, et notamment les coups de soleil générés par les rayons UV." Colombe est étonnée d'entendre ce terme technique, qui sonne aujourd'hui comme une formule maléfique des sorcières en leur temps. Philomène continue "Tu 'habituera, nous utilisons le vocabulaire adapté à nos recherches. Il est simplement important de ne pas l'utiliser hors de nos murs, pour ne pas mettre nos recherches en danger. Le gouvernement n'apprécierait pas trop que l'une de leur plus belle entreprise du moment utilise des termes scientifiques." Colombe arbore un sourire complice et répond "Je ferai de mon mieux pour ne pas attirer l'attention sur mes activités scientifiques. J'ai déjà 23 ans d'expérience dans le domaine." Philomène rit de bon coeur à cette remarque. Il termine son verre de jus de fruits et annonce à Colombe qu'il va lui présenter la personne avec qui elle va travailler dès demain pour les prochaines semaines. "Il sera ton mentor sur le plan professionnel, ne lui parle pas d'autres sujets plus personnels... - Il ne fait pas partie de votre groupe, c'est bien cela ? - De notre groupe, Colombe" corrige Philomène dans un grand sourire. Il ouvre sa porte, et se dirige vers une pièce à l'opposé des escaliers et frappe à la porte. Un homme d'une trentaine d'années apparait. Il possède une carrure assez large, sur laquelle se repose une quantité de graisse non négligeable. Il a des cheveux bruns très courts et déjà une calvitie naissante, mais son visage poupin inspire une certaine sympathie à Colombe. "Bonjour Madison, je te présente Colombe qui a accepté notre offre de chercheur en biocosmétique. Elle te rejoindra dès demain matin pour commencer ses recherches." Dans un sourire sincère, Madison souhaite la bienvenue à Colombe. Colombe est certaine que cet homme sera un bon professeur et qu'elle apprendra très vite à ses côtés. C'est ainsi que rassurée, Colombe sert la main à Philomène et le remercie de ces échanges, un sentiment de plénitude dans la tête. Sans même se retourner, Colombe reprend le chemin de chez elle, impatiente de relater ces évènement à sa mère qui l'attend à coup sûr.

Round 27/36 écrit le vendredi 11 mars 2016

541 mots | 3349 signes | 13:34:14

La soirée de la veille n'a été qu'effusions. Anémone est tellement heureuse que sa fille rejoigne les Incroyants et puisse également travailler dans une entreprise qui réalise des produits aussi efficaces et en vogue. Elle a même proposé à Colombe de prendre un appartement plus près de son nouveau travail, au grand étonnement de celle-ci qui imaginait mal sa mère accepter de vivre seule la semaine. Mais Colombe lui a promis de revenir la voir une fois par semaine, et également de rendre visite à son père le weekend, ce qui a un peu réconforté sa mère. Colombe n'a pas réfléchi à ces histoires de logement, tout est arrivé si vite... De toutes façons, les Incroyants doivent avoir des recommandations particulières en ce domaine. Leur rendez-vous prévu jeudi soir, auquel Philomène à convié Colombe pendant leur entretien, devrait permettre de lever ces incertitudes sur des détails techniques. Anémone a beaucoup pleuré mais beaucoup ri avec sa fille. Elle lui a rappelé à quel point elle est aimée et que ses parents la soutiendront toujours. Il est important que Colombe ne se met pas inutilement en danger et qu'elle fasse ce que son coeur et sa raison lui dictent. Anémone a une totale confiance en sa fille, alors que Colombe se demande comment il est possible que quelqu'un de sensé lui fasse confiance à ce point. Elle a tout de même commis beaucoup d'erreurs et il serait très dommage qu'elle en commentent d'autres qui pourraient compromettre la sécurité de sa famille. Elle se doit de rester très prudente et mesurée. Et elle ne pourra malheureusement pas partager tout cela avec Capucine. Capucine s'approche justement de Colombe, qui se repassait la scène de la veille en regardant dans le vague en direction de ses épinards bouillis, et s'installe en face d'elle. "Comment s'est passé ton entretien hier ?" demande-t-elle avec une curiosité dévorante. Colombe lui raconte ce qu'elle a vu dans cette entreprise : des jeunes qui semblent calés et à l'aise, sympathiques et sérieux, bref, la culture d'entreprise qui lui convient parfaitement. "Et le poste ? Sur quoi vas-tu travailler ? - Je vais créer une nouvelle crème de corps qui protégera des rayons du soleil. - Protéger des rayons du soleil ? Mais le soleil est inoffensif, voyons ! Il est là depuis des milliard d'années et il n'a jamais tué personne... Est-il utile de te rappeler que c'est grâce aux rayons du soleil que les plantes grandissent et ensuite nous nourrissent ? - Non, bien sûr ! L'objectif est justement de faire que... les rayons du soleil... activent la peau pour la rendre plus belle" précise Colombe à moitié affolée d'avoir déjà manqué à son devoir de réserve. - J'attends de voir le résultat alors, répond Capucine, septique devant ce rattrapage in extremis de son amie. - Il faudra encore beaucoup de temps avant que j'arrive à trouver quelles plantes mélanger pour arriver à ce résultat. Et encore plus avant qu'on arrive à le produire en suffisamment grandes quantités pour le commercialiser - Tu sais que la patience n'est pas ma plus grande qualité, mais que serai-je capable de faire pour toucher ton génie du bout des doigts plutôt que du bout de mon esprit". A ces mots Colombe rougit, Capucine s'esclaffe, et cette chamaillerie est bien vite effacée.

Round 28/36 écrit le dimanche 13 mars 2016

364 mots | 2330 signes | 13:34:14

Colombe compte bien retirer le plus d'enseignements possible de ses derniers cours à l'Université, c'est pour cela qu'elle tient tant à continuer de venir et redouble d'autant plus d'attention en cours. Et pas seulement en cours de Biocosmétique qui vient de se terminer. Colombe va retrouver son professeur à la fin du cours et le remercie de son aide pour l'obtention de ce poste chez Soins & Extase. "Félicitations mademoiselle Viannay, j'attendais avec impatience que vous veniez m'annoncer cette bonne nouvelle : j'étais certain que vous décrocheriez ce poste. - Je prends mes fonction dès lundi prochain. J'aimerais également savoir si vous pensez que je pourrai tout le même participer aux examens de fin d'année ? Il ne sont que dans un mois et j'avais de toute façon pris un peu d'avance sur le programme. - Vous êtes inscrite comme étudiante pour l'ensemble de l'année. Si vous arrivez à vous libérer de vos nouvelles occupations, vous pourrez passer votre examen de Biocosmétique. Il en sera de même pour les autres matières d'ailleurs." Colombe remercie encore son professeur avant de prendre congé de lui. Elle décide d'annoncer cette nouvelle a l'ensemble de ses professeurs et ainsi confirmer qu'il lui sera bien possible de passer ses examens et donc valider son diplôme cette année. Elle traverse donc plusieurs fois le campus pour se rendre dans les divers bâtiments existants. Elle profite une dernière fois de ces bâtiments pour la plupart en bois ou en torchis, disparates mais tous adaptés aux matières qui y sont enseignées. Il est assez simple de reconnaitre les bâtiments de jardinage et les bâtiments d'élevage, tout comme les bâtiments de sport et de relaxation. La majorité d'entre eux possède des plantes devant l'entrée : des massifs de verveines longent le chemin qui mène au bâtiment de Sophrologie, des roses grimpent sur la façade du bâtiment de biocosmétique, l'enclos dédié aux petits animaux est perdu dans un champ de luzerne et des orangers cachent presque complètement le stade de course de la rue principale. L'ensemble des professeurs qu'elle a pu croiser on ben confirmer qu'elle pourra évidemment participer aux examens, et c'est rassurée qu'elle fait ce chemin entre l'université généraliste d'Aucham et la demeure de ses parents.