RENCONTRE #1 - LUI

Il n'avait pas osé y croire et pourtant, il y est bel et bien. L'Afrique ! Qui aurait cru qu'il aurait été si facile, avec un peu de détermination, de remplacer son service militaire par un service civique en Côte d'Ivoire ?

D'un pas lent, Georges sort de la salle de classe dans laquelle il enseigne depuis quelques semaines. Il s'étire et baille aux corneilles. Il a passé sa journée à délivrer son savoir à des enfants âgés de 6 à 15 ans. Il ne se serait pas douté que parler avec passion pendant 6 heures serait aussi éreintant ! Les enfants sont incroyables. Curieux et excités parfois, mais travailleurs et sérieux à d'autres moments. Chaque jour, le jeune français découvre de nouvelles facettes de chacun d'eux et cela le remplit d'un immense bonheur. Ah ça oui, il est heureux. Et épuisé. Mais les poches sous ses yeux ne suffisent pas à rendre fade son visage.

Georges est un étudiant qui a préféré offrir son temps à éduquer des enfants en Afrique que de porter des armes et répondre aux ordres d'un officier. Il n'est pas spécialement rebelle, il n'est pas spécialement anti-patriotique, il n'est pas non plus spécialement souffrant. Il est même assez sportif, féru de cyclisme depuis son plus jeune âge, agile et leste. Mais il aime par dessus tout découvrir le monde et faire des rencontres. Et c'est la première opportunité de grand voyage qui lui a été offerte.

Les habitants de Kitiali ont passé beaucoup de temps à le dévisager à son arrivée. Les villageois étaient tellement captivés par la blancheur de sa peau et la blondeur de ses courts cheveux que Georges n'a pas pu obtenir de réponse à ses questions pour trouver l'auberge où il loge désormais. Aucun d'eux ne prêtait attention à ses paroles. Depuis, il a pris quelques coups de soleil et a su trouver sa place dans ce village composé de maisons de glaise bordé par les dunes d'un côté, des champs de l'autre, près d'une petite oasis.

Ce soir, la famille Soukoro l'invite à manger au restaurant du village. Gadji, le père, était embêté que le plus grand de ses fils ne l'aide plus à cultiver le café, mais Lala aime tellement ce nouveau professeur qu'elle a insisté pour qu'ils fassent plus ample connaissance. Gadji n'a pas été difficile à convaincre : l'éducation de ses enfants est entre de bonnes mains. George se dirige vers la maisonnette qui abrite quatre enfants, leur parents et les deux grand-mères. Georges y a déjà bu le café et a grande hâte de les retrouver. La famille l'attend sur le pas de la porte : les enfants se sont changés en vitesse de retour de l'école et les adultes sont sur leur 31. Ce qui n'empêche nullement de longues accolades et embrassades avec chacun des membres de la famille.